Coupure Internet sans précédent en Iran

Face à la protestation de la rue, le gouvernement iranien use les grands moyens: ‘La plus grosse coupure internet jamais connue’. Seuls les SMS et le téléphone fonctionnent toujours.

Il n’y a pas qu’à Honkong que le peuple se soulève. En cause ici le prix de l’essence qui a triplé vendredi dernier suite à la décision du gouvernement iranien de limiter ses subventions. Un prix historiquement bas en Iran, mais qui a visiblement été la goutte qui a fait déborder le vase.

S’en est suivi quelques images de protestation et d’occupation de l’espace public, et puis plus rien. Et pour une évidente raison: le gouvernement iranien a tout simplement bloqué l’accès à Internet sur tout son territoire. Si bien qu’il est difficile d’évaluer la situation sur place et de constater l’ampleur de la répression.

Le seul chiffre officiel émanant de la police fait état de quatre morts dont trois agents des forces de l’ordre. Mais nous avons pu établir un contact avec une personne présente sur place.

‘Jeudi nous nous sommes couchés et quand nous nous sommes réveillés, le prix de l’essence avait triplé, explique une source anonyme iranienne à Business AM. Les gens ont investi les rues de manière spontanée, bloquant les routes et les carrefours. »

On sait que l’insurrection a démarré dans la capitale Téhéran, comme ce fut le cas récemment à Bagdad ou encore à Beyrouth. Selon certains observateurs, la colère a maintenant gagné une centaine de villes dans tout le pays.

Mais pour éviter un scénario à la hongkongaise, les autorités iraniennes n’y ont pas été par quatre chemins en coupant globalement l’accès à Internet. Le monde ne pourra pas observer ce qui s’y passe. L’Iran ne veut pas non plus que les groupes de protestation s’organisent sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas en 2009, puis 2017 et 2018.

Au moins 100 morts

D’après les informations récoltées par Le Monde, la révolte est réprimée dans le sang, on parle d’un nombre « important » de victimes. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a dénoncé pour sa part l’usage de la force, y compris des tirs à balles réelles.

Amnesty se montre plus précis et a constaté au moins 106 morts dans 21 villes, d’autres sources relayées par l’association font état d’au moins 200 morts.

Mardi soir, la population iranienne était sans internet depuis près de 72 heures, selon Internet Watchdog Netblocs. ‘C’est la coupure internet la plus importante jamais rencontrée en termes de complexité et d’ampleur’, l’accès aux applications de messagerie comme WhatsApp ou encore Instagram, populaires en Iran, a été complètement bloqué.

L’Iran a retenu la leçon de 2009

Selon Amir Rashidi, chercheur spécialiste de la sécurité informatique et des droits numériques au Centre pour les droits humains en Iran, ‘en 2009, les autorités n’avaient pas les capacités d’ordonner une telle coupure.’ Elles ont compris à ce moment-là qu’il était préférable de construire un ‘Internet national’, isolé du reste du monde et qui est maintenant ‘achevé à 80% » selon le chercheur.

Notre source, elle, raccroche rapidement le téléphone: ‘Ils sont également surveillés’, nous indique-t-elle.

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