Pour éviter des pénuries, les États membres de l’Union européenne ont convenu l’été dernier de réduire leur consommation de gaz de 15%. Quelques mois plus tard, on peut voir quels sont ceux qui ont fourni le plus d’efforts… et ceux qui n’en ont pas fourni du tout.
De -53% à +7% : quels sont les pays européens qui ont le plus réduit leur consommation de gaz… et quels sont ceux qui l’ont augmentée ?

Pourquoi est-ce important ?
Suite à la nette diminution des livraisons de gaz russe décidée l'été dernier par le Kremlin, les pays de l'UE ont dû réagir. En plus de chercher de nouveaux fournisseurs, ils ont décidé de diminuer leur consommation entre les mois d'août 2022 et de mars 2023. Objectif numéro 1 : éviter les pénuries.Dans l’actu : les données pour la période août-novembre sont connues.
- Cette semaine, Eurostat a publié des chiffres relatifs à l’évolution de la consommation de gaz des 27 États membres de l’Union européenne.
- Par rapport à la moyenne calculée entre 2017 et 2022, la consommation au sein de l’UE a diminué de 20,1%.

Le détail : la Finlande a réduit sa consommation de plus de 50%.
- Le pays qui a le plus réduit sa consommation de gaz entre août et novembre 2022 est la Finlande : -52,7%.
- Deux États baltes complètent le podium des nations qui ont vu leur consommation chuter considérablement : la Lettonie (-43,2%) et la Lituanie (-41,6%).
- Avec -17%, la Belgique est sous la moyenne mais respecte les engagements pris au niveau européen.
- À l’autre bout du tableau, deux pays ont vu leur consommation augmenter : Malte (+7,1%) et la Slovaquie (+2,6%).
- Quatre autres pays n’ont pas atteint les -15% : l’Irlande, l’Espagne, la République tchèque et le Portugal.
Les explications : tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.
- Cet objectif de réduction de 15% instauré l’été dernier est « volontaire ». Et donc non obligatoire.
- Il pourrait devenir obligatoire en cas de déclenchement d’une alerte.
- De plus, la froide comparaison pays par pays doit être nuancée par le fait que certains ont été invités à faire plus d’efforts que d’autres.
- Les pays plus isolés – moins à même d’exporter leur gaz et/ou moins bien connecté au réseau électrique européen et donc plus dépendant du gaz pour leur production d’électricité – sont concernés.
- Ainsi, le fait qu’un État insulaire comme Malte augmente sa consommation de gaz n’est pas aussi catastrophique que cela puisse paraître.

Pas de quoi sauter au plafond
Et maintenant : les mois les plus froids… puis le très redouté hiver 2023-2024.
- Ces chiffres sont plutôt encourageants. Mais il faut y apporter une nuance de taille : le Vieux Continent a globalement vécu un automne assez doux.
- Les températures n’ont commencé à fortement baisser que depuis quelques semaines. Il faudra voir si, là aussi, les Européens seront parvenus à baisser leur consommation de gaz.
- En outre, certains pays estiment qu’une réduction de la consommation de 15% n’est pas suffisante pour assurer leurs arrières.
- C’est notamment le cas de l’Allemagne, un pays qui était jusqu’alors très dépendant du gaz russe.
- Nos voisins ont l’ambition de réduire leur consommation de 20% cet hiver. Or, « les économies totales ne sont que de 13 % », a alerté la semaine dernière Klaus Müller, le directeur de la Bundesnetzagentur (l’Agence fédérale des réseaux).
- Pas de quoi faire disparaître le spectre de la pénurie qui plane sur la plus grande économie d’Europe.
Et après : cela reste toujours très inquiétant.
- Il convient de rappeler les mises en garde faites à plusieurs reprises par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
- Ces derniers mois, elle a indiqué que l’hiver 2023-2024 serait bien plus périlleux que l’actuel.
- Car si la Russie ne livre désormais que très peu de gaz à l’Europe, elle lui en a envoyé de grandes quantités pendant la première partie de l’année. De quoi permettre aux nations européennes à remplir leurs stocks au maximum, ou presque.
- Or, sauf retournement de situation très improbable, l’Europe ne pourra plus profiter de telles quantités de gaz russe l’an prochain. Elle risque donc d’éprouver beaucoup de difficultés à faire le plein de gaz à la sortie de l’hiver 2022-2023.
- La semaine dernière, Fatih Birol, directeur général de l’AIE, a indiqué que l’Europe risquait de manquer de 30 milliards de mètres cubes de gaz l’an prochain. C’est-à-dire la moitié de la quantité nécessaire à remplir ses stocks au maximum.
- Et il s’agit là du scénario… le plus optimiste. Il est basé sur les politiques actuelles de réduction de la consommation et de diversification des approvisionnements.
- Dans le scénario du pire, l’AIE estime que l’Europe pourrait manquer de 60 milliards de mètres cubes de gaz. Soit environ la quantité de gaz russe qu’elle a reçu en 2022.
- L’AIE note par ailleurs que le déconfinement et la reprise économique attendue en Chine ne joueront pas du tout en faveur du Vieux Continent, dans la mesure où le pays le plus peuplé du monde aura faim de GNL.
- Afin de sauver la mise, l’AIE a émis une liste de recommandations. Elle préconise des investissements massifs dans le renouvelable et l’efficience énergétique.