Christine Lagarde en est convaincue : « L’Europe n’est pas en récession »

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), est convaincue que l’Europe n’est pas en récession. « Nous n’avons jamais vu une situation aussi favorable sur le marché du travail », a-t-elle déclaré lors d’une conférence à Washington.

Les craintes d’une récession européenne s’intensifient. Pierre-Olivier Gourinchas, responsable de la branche recherche du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré en début de semaine que l’année 2023 sera « ressentie comme une récession par de nombreuses personnes. » L’institution financière prévoit notamment que l’économie allemande, la plus grande économie de l’Union européenne, se contractera de 0,3% l’année prochaine. Une croissance minuscule de 0,5% est prévue pour la zone euro.

« Pas de récession en Europe »

Certains économistes interrogés par Bloomberg sont plus pessimistes. Ils prévoient une récession dès ce trimestre, suivie d’une nouvelle contraction au premier trimestre de 2023. Mais Lagarde ne semble pas d’accord. Selon elle, il n’y a pas encore de récession européenne. « L’Europe n’est pas en récession », a-t-elle lancé lors d’une conférence à Washington. « Nous n’avons jamais vu une situation aussi favorable sur le marché du travail ».

Elle a ajouté qu’il n’y a pas encore de signe d’une spirale salaires-prix qui pourrait accentuer l’inflation. Toutefois, on craint qu’un marché du travail tendu ne fasse grimper les salaires, ce qui entraînerait une hausse des prix à la consommation.

Cela a été une cause majeure de dépréciation de la monnaie, principalement aux États-Unis. En septembre, par exemple, 263.000 emplois y ont été créés, ce qui était plus que prévu. Le salaire horaire moyen a alors également augmenté de 0,3 %.

Lagarde a averti précédemment qu’il ne fallait pas comparer l’inflation américaine avec celle de la zone euro. « Nous ne voyons pas de surchauffe de la demande comme aux États-Unis, et malgré un marché du travail tendu, le risque d’une spirale salaires-prix semble limité jusqu’à présent », analysait Lagarde lors d’un discours à Francfort en septembre. « Nous sommes actuellement confrontés à une situation où les contraintes d’approvisionnement persistantes (dues à la guerre en Ukraine, entre autres, NDLR) sont une raison majeure pour laquelle l’inflation reste longtemps au-dessus de notre objectif de 2%. »

Augmentation du taux d’intérêt

Récession ou pas, il y a de fortes chances que la BCE procède une nouvelle fois à une forte hausse des taux d’intérêt le 26 octobre. Le mois dernier, par exemple, la dépréciation monétaire dans la zone euro a atteint 10% (en glissement annuel), contre 9,1 % en août. Cette inflation élevée a contraint l’institution monétaire à relever ses taux d’intérêt de 75 points de base en septembre. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis la création de la banque centrale. Les taux d’intérêt ont déjà augmenté de 125 points de base au total.

En outre, Lagarde a affirmé fin septembre que la maîtrise de l’inflation était la priorité absolue de la BCE : « notre principal objectif est la stabilité des prix et nous devons y parvenir. Si nous ne le faisons pas, l’économie en souffrirait beaucoup plus ».

« La BCE doit agir rapidement maintenant », analyse Karsten Junius, économiste en chef de la banque J Safra Sarasin, dans un commentaire à l’agence de presse Bloomberg. « Une fois que le risque de récession sera devenu une réalité et que la pression sur l’économie sera visible, il sera difficile de faire passer des hausses de taux d’intérêt plus importantes. » Les membres du conseil d’administration de la BCE, Martins Kazaks et Gediminas Simkus, sont déjà favorables à une nouvelle hausse des taux d’intérêt de 75 points de base ce mois-ci.

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