Lundi, le G7, l’Union européenne et l’Australie ont mis en place leur plafonnement du brut russe, à 60 dollars le baril. De quoi faire baisser les prix partout dans le monde ? Peut-être pas. Car un autre facteur pourrait provoquer la tendance inverse.
Prix du pétrole : le plus grand importateur du monde se réveille, et c’est bien plus important que le plafonnement du brut russe
Pourquoi est-ce important ?
En instaurant un plafond sur le prix du brut russe, les puissances occidentales espèrent attenter aux finances du Kremlin et à ses capacités de mener sa guerre en Ukraine. Ce plafond n'est toutefois pas trop bas, afin de pousser la Russie à continuer à pomper du pétrole. Il ne faudrait pas que la production russe déraille, au risque de faire grimper les prix dans le monde. Bruxelles estime ainsi que le mécanisme en place "contribuera à stabiliser les marchés" et "bénéficiera directement aux économies émergentes et pays en développement".Dans l’actu : le ministre singapourien des Affaires étrangères met en garde contre un autre facteur.
- Interrogé sur le plateau de CNBC, Vivian Balakrishnan a souligné que la réouverture progressive de la Chine allait faire remonter la demande de l’or noir, et donc faire grimper les prix mondiaux.
Le détail : « plus important que le plafond du brut russe ».
- « La réouverture de la Chine après la pandémie sera un moteur plus important pour les prix du pétrole que le plafond du pétrole russe », a affirmé le ministre singapourien.
- « Je m’attends à voir une réouverture importante. Maintenant, cela va avoir de profondes implications pour l’économie mondiale, plus que le plafond de prix du pétrole ».
- Il faut dire que la Chine est le plus grandi importateur de pétrole au monde.
Le géant chinois sort de sa torpeur
Zoom avant : la Chine se déconfine petit à petit.
- Il est encore trop tôt pour parler d’une véritable réouverture après trois années de (très stricte) politique zéro Covid, mais certains signes ne trompent pas.
- Ces derniers jours, plusieurs villes, dont Pékin et Shanghai, ont autorisé des magasins à rouvrir et ont assoupli leurs exigences en matière de tests PCR.
- Des efforts supplémentaires pour la vaccination des personnes âgées ont également été annoncés. Cela pourrait, là aussi, montrer que le pays se prépare à rouvrir.
- Des décisions qui font suite à des manifestations qui ont éclaté il y a une semaine dans une dizaine de villes chinoises. Excédés par la politique zéro Covid, réclamaient un assouplissement des règles et même, pour certains, le départ du président Xi Jinping.
Zoom arrière : vers la (re)constitution d’un stock.
- Rob Thummel, gestionnaire de portefeuille chez Tortoise Capital, souligne qu’en plus d’avoir besoin de pétrole pour sa réouverture, la Chine risque de vouloir tenter de faire le plein de pétrole pour bénéficier de stocks en suffisance.
- Un désir lié au fait que la crise énergétique qui frappe l’Europe depuis près d’un an a démontré plus que jamais l’importance de la sécurité énergétique.
- Cela aussi, cela fera monter les prix.
- Les pays qui ont instauré le plafonnement de prix du brut russe fournissent les prestations d’assurance pour 90% des cargaisons mondiales, ce qui laisse à penser que cela suffira à limiter le prix de l’or noir russe partout dans le monde, ou presque.
- Les pays qui ne souhaitent pas suivre ce plafonnement – vivement critiqué par Moscou – peuvent continuer d’acheter du brut russe plus cher, mais ils devront alors se passer des services occidentaux pour l’acquérir ou le transporter.
- Il n’est pas exclu que la Russie constitue elle-même une flotte capable de prendre la relève, afin de livrer ses clients les plus précieux, surtout situés en Asie.
- Des pays comme la Chine et l’Inde pourraient eux aussi s’activer dans cette voie, afin de ne contourner le plafonnement du prix mis en place par les puissances occidentales.