Meta a annoncé se séparer de 13% de ses effectifs, il y a une semaine. Mais elle est loin d’être la seule entreprise de la tech à couper dans sa main-d’œuvre cette année. 121.400 personnes ont déjà dû partir. L’année n’est pas encore terminée, mais c’est déjà huit fois plus qu’en 2021.
Les chiffres fous des licenciements dans la tech : plus de 120.000 personnes ont dû prendre la porte depuis le début de l’année
Pourquoi est-ce important ?
En plein boom en 2020 et 2021, le secteur de la tech connaît une année particulièrement difficile, avec les hausses des taux d'intérêt, entre autres. Aujourd'hui, les grands noms de la tech se voient contraints de réduire leurs effectifs. Un signe de récession de plus ?Les chiffres : Twitter, Meta, Amazon… Les annonces de licenciements massifs dans la tech se suivent ce mois-ci. Mais la tendance a commencé plus tôt cette année déjà. Voici les chiffres.
- Selon la page spécialisée sur l’investissement, Trading Platforms, qui reprend les données de layoffs.fyi, les entreprises de la tech se sont séparées de 121.400 employés depuis le début de l’année. Voire plus de 130.000, car layoffs.fyi n’a pas encore ajouté les licenciements d’Amazon dans sa base de données.
- C’est plus de 8 fois plus que sur l’ensemble de l’année 2021 (15.000 en tout).
- C’est ce mois-ci que les chiffres sont les plus élevés. 34.000 personnes ont jusqu’à présent été licenciées, soit environ un cinquième du total de l’année. Mais la tendance a commencé en mai, où 17.000 personnes ont été remerciées. Le même nombre a été constaté en juin, puis 16.000 en juillet et 13.000 en août. Septembre a vu une baisse, avec 5.900 personnes mises à la porte, mais en octobre la tendance a repris, avec 12.500 personnes licenciées. Au cours des quatre premiers mois de l’année, les licenciements étaient moins élevés.
- Sur ces licenciements, 60% ont eu lieu aux États-Unis.
- Au niveau des entreprises, c’est Meta qui mène la danse. La maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé se séparer de 11.000 personnes, ou 13% de ses effectifs, la semaine passée. Suivent Getir, compagnie turque de livraisons (4.480 licenciements, ou 14% des effectifs) et Twitter, avec 3.700 personnes (la moitié de ses effectifs).
- À ces chiffres s’ajoute le possible licenciement de 10.000 employés d’Amazon. Plus tôt cette année, le géant de l’e-commerce avait aussi annoncé s’être séparé de 99.000 personnes (sur ses 1,5 million d’employés) : mais il semblait plutôt s’agir d’un non-renouvellement de saisonniers, ce qui n’a pas été repris comme des « licenciements ».
L’essentiel : fin du boom post-pandémie.
- Ce sont Mark Zuckerberg et Jack Dorsey qui ont dû faire le douloureux constat : ils s’attendaient à ce que le boom de la pandémie allait continuer éternellement, et ils ont embauché à tour de bras. Menant in fine à une situation où les effectifs sont trop élevés, comme nous l’écrivions il y a deux semaines – ce que ces nouvelles annonces de licenciements viennent confirmer.
- Au-delà de la tech, le marché du travail américain semble encore bien se porter. Le taux de chômage est à 3,7%, ce qui est très bas, et les ajouts mensuels d’emplois continuent à dépasser les estimations. Reste à voir quel sera le nombre en novembre, avec ces licenciements dans la tech qui continuent d’augmenter.
- Le marché du travail américain, en plein essor après la pandémie, est un des moteurs de l’inflation outre-Atlantique. Or, s’il ralentit, l’inflation est susceptible de redescendre. La Fed s’attend d’ailleurs à ce que le taux de chômage remonte à 4,4% en 2023 et reste à ce niveau en 2024. Ses hausses des taux ne sont pas étrangères à cette augmentation.
- Or, la Réserve fédérale a aussi comme mission de ne pas détruire trop d’emplois et de pousser l’économie dans une récession sévère. Reste à voir si elle trouvera le juste milieu. Mais de nombreux experts s’attendent à une période de récession ou de stagflation.