Chanel, L’Oréal et Revlon retirent le talc de certains produits, potentiellement cancérigène

Trois des plus grandes enseignes de cosmétiques ont décidé de s’éloigner du talc alors que des procès en cours aux États-Unis et les préoccupations des consommateurs s’intensifient.

Chanel, L’Oréal et Revlon ont retiré le talc de plusieurs cosmétiques, tels que des poudres pour le visage et le corps. Des mesures qui s’inscrivent dans le cadre d’une réévaluation globale de ce produit à la fois par les consommateurs, les fabrications et les autorités de réglementation. En cause: la possible présence d’amiante dans cette poudre utilisée depuis des générations.

Cancérigène

Longtemps considéré comme un produit naturel inoffensif, le talc dévoile ses dangers depuis peu. Les soupçons se lèvent précisément en 2016, lorsque la marque Johnson&Johnson est condamnée aux États-Unis à verser 72 millions de dollars à la famille d’une femme décédée d’un cancer des ovaires à 62 ans. Celle-ci utilisait du talc tous les jours sur ses parties génitales.

La Cour juge plausible le danger lié à l’utilisation quotidienne de talc, surtout sur les muqueuses. Une hypothèse qu’est venue valider en 2019 une étude américaine publiée par la American Public Health Association.

En réalité, le talc est désavoué bien avant cette décision contre Johnson&Johnson. Des milliers de procès pour cancer ont été intentés contre l’entreprise, certains remontant à… 2013. Les allégations selon lesquelles la contamination par l’amiante a provoqué ces cancers ont elles commencé en 2017. Du côté de Johnson&Johsnon, on persiste et signe: ses poudres sont sûres et sans amiante.

Du moins jusqu’au mois dernier. L’entreprise a annoncé qu’elle cesserait désormais de vendre du talc pour bébés aux États-Unis et au Canada, attribuant officiellement cette décision à ‘la baisse des ventes et à la publicité négative’.

Chanel et sa poudre parfumée… à l’amiante

D’autres fabricants de talc font également l’objet de poursuites, tels que Chanel, Revlon et Avon. En mars, une représentante de Chanel a révélé dans une déposition au tribunal que la société avait cessé de fabriquer en 2017 une poudre de corps à base de talc parfumée. Cette déposition a été prise dans une affaire de 2018, dans laquelle une Américaine prétend avoir contracté un mésothéliome (une forme de cancer rare et incurable) en partie à cause des poudres Chanel et J&J teintées à l’amiante.

‘Nous savons que c’est un produit sûr’, a toutefois déclaré la représentante Amy Wyatt dans sa déposition. Mais ‘nous avons décidé, d’après la perception du public, de le retirer du marché.’

L’entreprise continue néanmoins de l’utiliser dans d’autres produits, tels que des fards à joue et à paupières. Elle assure que tout le talc qu’elle utilise est ‘sélectionné selon des critères de pureté stricts, respecte pleinement la réglementation mondiale en vigueur et est sans danger dans les conditions normales d’utilisation des cosmétiques’.

Le groupe français L’Oréal a lui déclaré chercher un substitut au talc ‘mais n’a rien trouvé qui fonctionne aussi bien’. Il exige de ses fournisseurs qu’ils certifient chaque année que son talc est exempt d’amiante, et effectue des tests en interne, affirme-t-il.

L’entreprise américaine Revlon a également indiqué avoir retiré le talc de ses produits pour le corps. Comme de nombreuses autres enseignes. L’Allemande Beiersdorf a substitué le talc par l’amidon de maïs dans sa poudre pour bébé Nivea en 2018. L’Américaine Avon, qui a refusé de commenter, a déclaré dans un dépôt de titres que 128 procès étaient en cours contre elle pour des produits à base de talc. Et Sanofi défend toujours la sécurité de sa poudre de talc, contestant ‘vigoureusement’ les procès intentés contre elle.

Selon Euromonitor International, les consommateurs du monde entier devraient acheter 139.350 tonnes de talc cette année, soit une baisse de 0,6 % par rapport à 2019.

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