Certains pays voient la crise du coronavirus comme une excellente opportunité de faire taire les voix discordantes, la presse indépendante en premier lieu. Et ces attaques ne sont pas l’apanage des seuls dictateurs et autres apprentis autocrates…
Lundi, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a obtenu du Parlement de vastes pouvoirs supplémentaires dans le cadre d’un état d’urgence à durée indéterminée. Le vote parlementaire a également instauré une loi qui punit jusqu’à cinq ans de prison la diffusion de ‘fausses informations’ sur le virus ou les mesures du gouvernement. Les quelques médias indépendants du pays font régulièrement l’objet de pareilles accusations…
‘Fausses informations’
Les détracteurs de Viktor Orban estiment que ce dernier se sert de la pandémie de covid-19 comme prétexte pour consolider sa mainmise sur la Hongrie. Certains de ses adversaires politiques n’ont pas hésité à parler de ‘coup d’Etat’ ou de ‘cap vers la dictature’, selon des propos relayés par Belga.
Mais comme le souligne le site américain Axios, la Hongrie n’est pas le seul pays dont le gouvernement voit dans la crise du coronavirus une occasion de s’en prendre à la liberté de la presse.
En Égypte, une journaliste du journal britannique The Guardian a été forcée de quitter le pays après un reportage basé sur une étude scientifique de l’Université de Toronto. Celle-ci mettait en garde sur le fait que le pays nord-africain risquait de connaître bien plus de cas de coronavirus que ce qui avait été officiellement annoncé par les autorités.
Aux Philippines, la ‘diffusion de fausses informations’ sur le covid-19 est passible d’une peine de prison allant jusqu’à deux mois et d’une amende pouvant atteindre 20.000 dollars, affirme CNN.
En Iran, des journalistes sont menacés ou emprisonnés pour tenter d’empêcher la réalisation d’enquêtes indépendantes, selon Voice of America, le service de diffusion internationale par radio et télévision du gouvernement américain. Les autorités iraniennes ont également interdit aux médias d’utiliser d’autres statistiques que celles émises par le gouvernement concernant le covid-19.
Trump n’est pas en reste…
Au Brésil, le président Jair Bolsonaro a minimisé l’importance de la pandémie et accusé les médias de l’avoir surestimée dans leur propre intérêt. Une posture que le dirigeant populiste n’est pas le seul à utiliser.
Enfin, les États-Unis ne sont pas en reste puisqu’Axios rappelle que le président américain Donald Trump a également profité à plusieurs reprises de la crise du coronavirus pour critiquer les médias, notamment lors de conférences de presse ou sur Twitter.
Et la liste peut bien sûr encore s’allonger: Chine, Russie, etc.
De nombreux pays n’ont pas attendu la pandémie de covid-19 pour faire la guerre à la presse indépendante, mais elle leur a assurément donné une occasion supplémentaire d’asseoir leur contrôle.
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