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Budget explosé et retards monstres : le programme Artemis a du plomb dans l’aile

Budget explosé et retards monstres : le programme Artemis a du plomb dans l’aile
Lancement du vol inaugural du SLS, en novembre 2022. Artemis II devrait suivre en 2024. (JIM WATSON/AFP via Getty Images)

Bientôt, l’Homme retournera sur la Lune. Si on s’en était tenu au calendrier officiel, on aurait dû écrire « en 2025 ». Mais à en croire un audit récemment publié, le programme Artemis est empêtré dans de sérieux problèmes.

Pourquoi est-ce important ?

Plus de cinquante ans après Apollo 17, le programme Artemis doit permettre à l'agence spatiale américaine d'envoyer à nouveau des astronautes sur la Lune. Les premiers de ce siècle. Une mission qui doit aussi permettre à l'Homme de fouler la surface martienne par la suite.

Dans l’actu : un audit pessimiste.

  • Un audit publié la semaine dernière ne dit rien de bon pour le futur du programme Artemis.
  • Entre retards monstres, choix erronés et budget qui dépasse toutes les attentes, le retour de l’Homme sur la Lune est bien plus périlleux que prévu.

On approche les 100 milliards

Le détail : un budget qui ne cesse de grandir.

  • L’audit, disponible en intégralité ici, a été réalisé par l’inspecteur général de la NASA.
  • Parmi les problèmes pointés du doigt par le rapport, on retrouve surtout la fusée SLS (Space Launch System), le lanceur qui doit propulser le vaisseau Orion et son équipage vers la Lune d’ici 2025.
  • Les quatre contrats passés pour les boosters et les moteurs de la fusée devraient coûter la bagatelle de 13,1 milliards de dollars sur 25 ans.
    • Initialement, c’était censé coûter 7 milliards sur 14 ans.
    • On passe donc presque du simple au double tant pour le budget que pour la durée.
  • L’audit révèle que, au total, 23,8 milliards de dollars ont déjà été mobilisés pour le développement de la fusée SLS.
  • Selon les nouveaux calculs, au total, le budget du programme Artemis devrait atteindre les 93 milliards de dollars d’ici 2025.
  • Quant au calendrier, rappelons que des astronautes étaient censés orbiter autour de la Lune dès 2020, alors que la première mise en orbite (sans équipage) n’a eu lieu que fin 2022.

Les explications : à vouloir faire trop d’économies, on perd de l’argent.

  • Ce budget qui explose et ces retards qui s’accumulent sont principalement dus à de mauvais choix, indique le rapport. « Certains représentent des violations potentielles des exigences fédérales en matière de contrats », alerte-t-il par ailleurs.
  • Ironie du sort, à l’origine, ces décisions avaient été prises pour faire des économies. En effet, la NASA a souhaité utiliser des moteurs RS-25 datant de Constellation, un programme du début du siècle qui avait finalement été annulé.
  • Problème : les experts de l’agence spatiale américaine ont sous-estimé l’argent et le temps nécessaires à l’adaptation de ces moteurs à la nouvelle fusée SLS.
  • Résultat des courses : sur les 16 moteurs en question, seuls 5 ont été adaptés jusqu’à présent.
    • 4 ont déjà été utilisés en novembre dernier, lors du vol inaugural du SLS.
  • Une fois que tous ces anciens moteurs auront été adaptés – et utilisés -, la NASA misera sur des versions plus récentes. En plein développement, ces moteurs sont censés être moins chers et plus puissants.
    • Gare à l’excès d’enthousiasme : les industriels impliqués ne sont pas des plus optimistes (à nouveau tant dans les délais que les budgets) car ils heurtent à plus de difficultés qu’attendu.

Tout un programme menacé ?

Et maintenant : comment y remédier ?

  • Parmi les solutions proposées, l’audit invite la NASA à mettre fin aux contrats de sous-traitance qui permettent aux entreprises concernées d’étendre l’enveloppe à mesure que leurs travaux avancent. Ne plus compter que sur des coûts fixes permettrait d’éviter les mauvaises surprises.
  • « Sans une plus grande attention à ces garanties importantes, la NASA et ses contrats continueront de dépasser les coûts et le calendrier prévus, ce qui entraînera une disponibilité réduite des fonds, des lancements retardés et l’érosion de la confiance du public dans la capacité de l’Agence à dépenser de manière responsable l’argent des contribuables et atteindre les buts et objectifs de la mission – y compris le retour des humains en toute sécurité sur la Lune et sur Mars », conclut le rapport.

Le contexte : ce n’est pas le moment de gaspiller l’argent des Américains.

  • Le sujet est d’autant plus brûlant que le feuilleton du plafond de la dette américaine semble toucher à sa fin après avoir fait pas mal d’étincelles pendant plusieurs semaines.
  • Si le programme Artemis n’a globalement jamais été rejeté par les Américains, cet audit risque de faire son petit effet, dans une période où chaque milliard est compté.
  • Le mois dernier, un sondage de YouGov et Yahoo! indiquait que seulement la moitié des Américains étaient enthousiastes vis-à-vis du retour de l’Homme sur la Lune, tandis que 36% ne l’étaient pas.
    • Dans le même temps, plus de la moitié (6 sur 10) des sondés ont dit ne jamais avoir entendu parler du programme Artemis.
    • Élément peut-être le plus important au vu de l’actualité : 40% des sondés ont déclaré que, selon eux, dépenser l’argent des contribuables pour financer des missions spatiales n’était pas une bonne idée.
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