L’Union européenne va participer à un effort international visant à étudier des mesures alternatives pour lutter contre le changement climatique. L’une des options envisagées est l’injection d’aérosols, de petites particules en suspension dans l’air, dans l’atmosphère pour réfléchir la lumière du soleil.
Dans l’actu : selon Bloomberg, l’UE présentera mercredi un cadre de mesures visant à lutter contre le changement climatique.
- L’un des projets les plus remarquables portera probablement sur l’examen des dangers liés à la modification de l’atmosphère pour bloquer le soleil. « Ces technologies présentent de nouveaux risques pour les personnes et les écosystèmes, tout en pouvant également accroître les inégalités de pouvoir entre les nations, attiser les conflits et soulever un grand nombre de questions éthiques, juridiques, de gouvernance et politiques », peut-on lire dans un document interne.
- L’Union tentera probablement de créer un cadre réglementaire au niveau international. « L’UE soutiendra les efforts internationaux visant à évaluer de manière approfondie les risques et les incertitudes liés aux interventions climatiques, y compris la modification du rayonnement solaire », indique le document.
- Il s’agit notamment de l' »injection stratosphérique d’aérosols », une technique qui consiste à injecter des aérosols dans l’atmosphère afin de réfléchir une partie de la lumière solaire atteignant la Terre. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’organisme des Nations Unies chargé d’évaluer les risques du changement climatique, cette méthode est « la méthode de gestion du rayonnement solaire la mieux étudiée, avec un fort consensus selon lequel elle pourrait limiter le réchauffement (de la Terre) à moins de 1,5 degré Celsius ».
- Cependant, selon les critiques, il est impossible de connaître les effets secondaires imprévus de telles interventions climatiques à grande échelle. Par exemple, les modèles de précipitations dans le monde pourraient être perturbés, causant des dommages dans certaines régions. Certains scientifiques plaident même en faveur de règles internationales interdisant cette technologie.
L’UE n’est pas la première
Important : des expérimentations d’injection stratosphérique d’aérosols sont en cours depuis plusieurs années.
- L’idée de bloquer le soleil existe depuis les années 1970, lorsque le climatologue russe Mikhaïl Boudyko a proposé cette solution pour lutter contre réchauffement climatique imminent. Parfois, cette mesure est d’ailleurs appelée la « couverture Boudyko ».
- La technologie est toujours testée actuellement. En 2021, le fondateur de Microsoft, Bill Gates, a soutenu une expérience visant à libérer de la poussière de craie dans la stratosphère pour voir si cela permettait d’atténuer la luminosité solaire. Finalement, le projet a été annulé après que des militants écologistes ont sonné l’alarme.
- D’autres milliardaires, comme Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, étudient eux aussi cette technologie. La société collabore avec le National Center for Atmospheric Research et l’ONG SilverLining pour créer des modèles informatiques de ce qui se produirait si l’atmosphère était remplie de dioxyde de soufre.
- Dustin Moskovitz, co-fondateur de Facebook, a également investi de l’argent pour étudier cette technologie. Il a versé environ 900.000 dollars à des scientifiques d’une dizaine de pays pour étudier les effets de l’injection stratosphérique d’aérosols.
Encore eux : le fait que plusieurs milliardaires étudient une technologie qui bloque le soleil rappelle à beaucoup un épisode célèbre des Simpson. Le mégalo M. Burns, stéréotype de l’homme d’affaires américain égoïste, parvient dans l’épisode à bloquer le soleil, obligeant les citoyens à dépendre de l’électricité de sa centrale nucléaire jour et nuit. Mais là où Burns bloquait le soleil par cupidité, les milliardaires disent faire cela pour sauver le monde.
(OD)