2022 a vu les prix de l’énergie, dont ceux du pétrole, exploser. Tout en couvrant sa population des hausses des prix, le gouvernement des États-Unis a pu profiter des prix élevés pour remplir la caisse de l’État. Une recette de quatre milliards de dollars, avec le pétrole puisé dans les réserves.
Les faits : tout au long de l’année, le gouvernement américain a puisé dans ses réserves de pétrole.
- En sortant 180 millions de barils de ses réserves stratégiques, entre mars et aujourd’hui, le gouvernement américain a encaissé pas moins de 4 milliards de dollars. C’est ce que calcule le média économique américain Quartz.
- « Vendre quand le prix est élevé, acheter quand le prix est bas », voilà un adage qui vaut légion dans le monde des négociants. Le prix du baril a en effet connu une envolée spectaculaire en début d’année : après l’invasion de l’Ukraine, le WTI, brut texan qui sert de référence aux États-Unis, a atteint un pic de 124 dollars (et le Brent plus de 130 dollars).
- Lors des périodes de vente du brut des réserves, le prix moyen était de 96 dollars le baril.
- Reste la deuxième partie de l’adage. Cette réserve n’est pas infinie : elle a perdu plus d’un tiers de sa capacité depuis le début de l’année, et compte environ 380 millions de barils au dernier recensement. Il faudra la re-remplir, tôt ou tard.
- Les sommes récoltées avec les ventes seront reversées dans ces rachats. Le ministère de l’Énergie a d’ailleurs récemment ordonné de racheter trois millions de barils ; le prix du WTI affiche en ce moment 75 dollars. Certains analystes s’attendent à ce que les États-Unis rachètent plus de pétrole lorsque le WTI sera à 65 dollars (ce qui fera néanmoins monter le prix du baril).
- Le bénéfice que le gouvernement a réalisé sur les ventes sera ainsi réduit, mais il devrait y avoir une marge tout de même.
L’essentiel : un pari gagnant pour le gouvernement, mais aussi la population.
- Si Biden a puisé dans les réserves, comme aucun président avant lui, c’est pour faire baisser les prix du carburant, en augmentant l’offre de pétrole. L’Europe par exemple s’est graduellement détournée du pétrole russe, avant l’embargo sur le brut qui est entré en vigueur le 5 décembre, et a dû chercher d’autres approvisionnements. L’OPEP a, de son côté, réduit la production. Deux éléments qui réduisent l’offre mondiale, ce qui fait théoriquement augmenter les prix.
- Le pari de Biden semble en tout cas avoir marché. Ce lundi, le prix moyen aux stations service américaines est revenu à son niveau de juillet 2021, soit 3,14 dollars le gallon (3,78 litres). C’est le niveau avant que les carburants commencent à augmenter pour atteindre un record historique de plus de 5 dollars le gallon, rapporte CNN Business. Il devrait continuer à baisser, selon des experts.
- Le puisement dans les réserves n’est cependant pas le seul élément qui a fait baisser les prix. Les craintes de récession à échelle mondiale surtout contribuent à faire chuter les prix.
Le détail : la récession ou la grande réouverture de la Chine ?
- Quel sera le marché en 2023 ? Voilà l’inconnue de l’équation, pour l’instant. L’activité mondiale risque de continuer à freiner, faisant chuter la demande pour l’or noir. Mais d’un autre côté, la Chine montre des premiers signes de relâchement de sa politique sanitaire stricte. A terme, elle pourrait lâcher toutes les mesures, son économie redémarrerait et son appétit pour le pétrole exploserait – faisant augmenter les prix.
- Dans ce cas, le niveau des réserves de pétrole des Etats-Unis, au plus bas en près de quarante ans, s’avérerait inutile : Biden ne pourrait que difficilement continuer à puiser dedans pour faire baisser le prix mondial. Et la remplir deviendrait bien plus cher que ce qui était espéré.