La BCE relève ses taux d’intérêt de 25 points de base et ralentit son resserrement monétaire

La Banque centrale européenne (BCE) augmente son taux d’intérêt directeur de 25 points de base, à 3,25%, comme c’était prévu par les analystes. Il s’agit d’une hausse moins importante par rapport à la réunion précédente, où les taux d’intérêt avaient été relevés de 50 points de base.

À noter : Il s’agit aussi de la plus faible hausse des taux depuis que la BCE a entamé son resserrement monétaire en juillet 2022, quand elle a relevé son taux directeur de -0,5% à 0%. Mais les taux sont désormais à leur plus haut niveau depuis 2008.

Cette décision survient après la publication des données sur l’inflation en zone euro, qui a augmenté à 7% en avril. « Les perspectives d’inflation restent trop élevées depuis trop longtemps », a commenté la BCE ce jeudi. Toutefois, l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l’énergie et de l’alimentation, hautement volatils, a diminué, à 5,6%.

  • « L’inflation totale a diminué ces derniers mois, mais la pression sous-jacente sur les prix reste élevée », déclare toutefois la BCE dans sa note.
  • « En même temps, les hausses de taux précédentes ont un impact important sur les conditions financières et monétaires dans la zone euro, tandis que la lenteur et la force de la transmission à l’économie réelle restent incertaines », ajoute l’institution monétaire.

Le détail : tout comme lors de la précédente réunion sur les taux d’intérêt, la BCE ne fait pas de prévision sur la direction qu’elle compte prendre dans les mois à venir. La banque centrale réitère qu’elle suivra une approche fondée sur les données.

  • « Les décisions du Conseil seront basées en particulier sur son évaluation des perspectives d’inflation à la lumière des données économiques et financières entrantes, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire », indique-t-elle.

Réduction du portefeuille APP

Il y a plus : la BCE réduit également son bilan afin de réduire les taux d’intérêt à long terme.

  • Elle décide ainsi de ne pas réinvestir tous les titres du « portefeuille APP » (Programme d’achat d’actifs) à leur échéance. De cette manière, le bilan sera réduit de 15 milliards d’euros par mois jusqu’à fin juin 2023. « Nous prévoyons de mettre fin aux réinvestissements via l’APP à partir de juillet 2023 », indique la banque centrale dans sa note.
    • Le programme a été lancé en 2015 dans le but de stimuler l’économie de la zone euro.
    • Il consiste en l’achat de grandes quantités d’actifs, principalement des obligations d’État, sur les marchés financiers.
    • En achetant ces actifs, la BCE injecte de l’argent dans l’économie et fait baisser les taux d’intérêt, stimulant la croissance économique et augmentant l’inflation.
    • Elle décide donc de faire l’inverse pour réduire l’inflation, espérant la ramener à son objectif de 2%.
    • Des estimations publiées la semaine dernière par le FMI suggèrent toutefois que l’inflation n’atteindra pas l’objectif de la BCE avant 2025.
  • Pendant la pandémie de Covid-19, la BCE a également mis en place le programme PEPP (Programme d’achats d’urgence liés à la pandémie) pour stimuler l’économie européenne. Elle prévoit de réinvestir les titres arrivant à échéance jusqu’au moins fin 2024.

« Dernière phase de resserrement »

À suivre : Carsten Brzeski, économiste chez ING, note que la BCE a maintenant entamé la dernière phase de resserrement de sa politique monétaire.

  • « Bien que les données récentes aient confirmé que la pression sous-jacente de l’inflation est plus forte que prévu, la faible croissance du crédit et les derniers résultats de l’enquête sur les prêts bancaires montrent que les hausses de taux laissent clairement des traces dans l’économie », explique-t-il.
  • « Ces effets se sont produits plus rapidement que ce que la BCE avait probablement prévu. À partir de maintenant, le risque est plus grand que chaque hausse de taux soit une erreur de politique monétaire. »
Plus