Dans un contexte économique déjà particulièrement tendu, la chute de plusieurs banques américaines, suivi du Credit Suisse au printemps dernier, a fait craindre le pire. Fort heureusement, grâce à l’intervention des régulateurs nationaux et d’autres banques, le pire a pu être évité. Mais une meilleure préparation à ce cas de figure permettrait d’éviter de telles interventions.
L’actualité : l’Autorité bancaire européenne (ABE) a annoncé que les plans des banques de l’Union européenne pour faire face à une crise majeure feront l’objet d’un examen minutieux à compter de l’année prochaine.
- L’objectif est de s’assurer que les banques nationales européennes sont prêtes à faire face à un possible effondrement sans se reposer sur les liquidités de la banque centrale.
- Les régulateurs nationaux devront ainsi prouver qu’ils testent les hypothèses des banques pour rassembler des liquidités après un effondrement, en particulier à la lumière de la « rapidité potentielle des retraits de dépôts, un élément crucial qui a émergé dans le contexte de la récente crise aux États-Unis et en Suisse ».
Remarque : dans ce cas-ci, les liquidités comprennent autant l’argent cash facilement disponible qu’aux dettes à court terme, avec un acheteur prêt à financer les opérations quotidiennes d’une banque sans avoir à vendre des actifs, précise Reuters.
Zoom arrière : ce besoin de se rassurer de l’ABE intervient en réponse à la crise bancaire qui a secoué les États-Unis au printemps dernier, ainsi qu’à la chute du Credit Suisse peu après.
- En mars dernier, Silicon Valley Bank – mais aussi Signature Bank – s’est effondrée après que ses clients se sont rués pour retirer leur argent, en raison des signes de défaillance que présentait la banque. Face au risque de contamination de tout le système, le gouvernement a dû intervenir en mettant en place un fonds de soutien. Un accord avec First Citizens Bank a également été conclu pour racheter et prendre en charge l’ensemble des dépôts et prêts de la banque déchue.
- Malgré cela, un vent d’inquiétude a soufflé sur l’ensemble du secteur bancaire américain, jusqu’à atteindre d’autres marchés.
- Les régulateurs bancaires mondiaux ont tenu à revoir à jour leurs exigences concernant les liquidités des banques puisque c’est justement le manque de liquidités qui a précipité la chute de la SVB.
- Au même moment, en Suisse, l’institution bancaire Credit Suisse n’a pas eu d’autre chose que d’avouer rencontrer des difficultés, déclenchant un effet boule de neige qui s’est également conclu par l’intervention de la banque centrale suisse, ainsi que le rachat de la banque par son concurrent historique, UBS.
- Cela n’a fait que renforcer les craintes de voir la crise financière se répandre dans toute l’Europe.
Un premier constat positif, mais…
Ce jeudi, l’ABE a publié les conclusions de son premier rapport concernant la manière dont les régulateurs des 27 pays membres de l’UE appliquent les règles de « résolutions » introduites après la crise financière mondiale pour éviter le renflouement des banques par les contribuables.
- Malheureusement, le résultat est sans appel : « Les stratégies et les actions suggérées par les institutions pour soutenir la liquidité dans la résolution sont restées limitées et principalement axées sur l’accès aux facilités de la banque centrale », a déclaré l’ABE dans son rapport.
- « Si les discussions au sein du collège ont évolué positivement vers des aspects plus pratiques visant à améliorer la capacité à faire face à un événement de crise », reconnaît-elle, « l’ABE estime qu’il est encore possible d’améliorer la profondeur et la qualité des interactions au sein du collège et également en ce qui concerne l’opérationnalisation des différentes stratégies de résolution ». Autrement dit, il y a encore des efforts à faire.
- C’est pourquoi l’ABE prévoit de renforcer ses efforts dès 2024 pour pousser les régulateurs nationaux à être plus attentifs sur les plans élaborés par les banques pour faire face à un effondrement.
À noter : le mois dernier, le test de résistance de l’ABE a montré qu’en cas de crise grave, 496 milliards d’euros partiraient en fumée en raison d’un manque d’efficacité des banques à réagir. Il est à noter que les institutions bancaires belges ont appris leurs leçons et sont parmi les mieux protégées face à une crise majeure.