La faillite de Silicon Valley Bank met les banques centrales sur le qui-vive : le Japon pourrait reporter tout changement de politique monétaire

La Banque du Japon (BoJ) pourrait retarder toute modification de sa politique monétaire consistant à maintenir les taux d’intérêt bas à la lumière de l’instabilité boursière provoquée par les défaillances de plusieurs banques régionales américaines le week-end dernier.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis près d'une décennie, la Banque du Japon (BoJ) a mis en place une politique de taux d'intérêt très bas pour stimuler l'économie du pays. Alors que l'institution semblait envisager un relèvement de ces taux, elle pourrait choisir de les maintenir bas et d'accroître la liquidité pour soutenir la croissance économique et lutter contre la déflation dans ce récent contexte de turbulences.

Dans l’actu : Dans une interview à CNBC, un ancien membre du conseil d’administration de la BoJ, Takahide Kiuchi, a affirmé que l’institution financière pourrait retarder d’un an tout changement dans sa stratégie ultra « dovish », définie par une baisse des taux d’intérêt.

  • Avant cela, Kiuchi prévoyait que le nouveau gouverneur Kazuo Ueda accélérerait le processus de normalisation de la politique monétaire de la BOJ, notamment en élargissant sa politique actuelle de contrôle de la courbe des taux.
  • En janvier 2016, la BoJ a introduit un taux d’intérêt négatif sur les réserves excédentaires que les banques commerciales déposent auprès de la banque centrale. Le but de cette mesure est d’encourager les banques à prêter davantage aux consommateurs et aux entreprises pour stimuler la demande et la croissance économique.
  • Lors de sa dernière réunion vendredi dernier, le gouverneur sortant Haruhiko Kuroda a laissé sa politique monétaire inchangée, avec des taux d’intérêt à court terme à -0,1 % et un rendement des obligations d’État à dix ans autour de zéro. Kuroda quittera ses fonctions en avril pour laisser la place à Ueda.

« Je pense que la politique monétaire du nouveau gouverneur pourrait être affectée par les conditions du marché financier si l’instabilité actuelle des marchés financiers se poursuit. Le second semestre de l’année prochaine est la date possible à laquelle la Banque du Japon mettra fin à sa politique de taux d’intérêt négatifs. »

Takahide Kiuchi

Takahide Kiuchi a siégé au conseil d’administration de la Banque du Japon de 2012 à 2017 et est aujourd’hui économiste à l’Institut de Recherche Nomura, la plus grande société de recherche et de conseil en économie au Japon.

Surveiller la Fed

Important : L’économiste indique que les mesures qui seront prises par la Fed la semaine prochaine seront « un facteur important » pour mener la voie de la Banque du Japon.

  • « Si l’économie américaine ralentit de manière significative, ce qui entraîne une réduction des taux par le conseil de la Réserve fédérale, la normalisation de la Banque du Japon devra peut-être être reportée de manière significative », a encore déclaré Kiuchi.

En outre : Un autre indicateur d’importance est le « sentiment du public », selon l’ancien gouverneur de la BoJ.

  • Il pense que la banque centrale japonaise visera à terme une plus grande flexibilité dans sa politique monétaire.
  • « Je pense que l’inflexibilité a provoqué une forte dépréciation du yen l’année dernière, ce qui était très impopulaire pour le public. C’est la raison pour laquelle le gouvernement souhaite que le nouveau gouverneur fasse preuve de plus de souplesse », a-t-il expliqué.
    • En octobre dernier, le yen japonais a franchi la barre des 150 unités par rapport au dollar américain, en raison de l’élargissement des écarts de taux entre la Fed, qui adopte une position « hawkish », opposée à la politique de bas taux de la Banque du Japon.
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