Credit Suisse : la Banque centrale helvète jette une bouée de sauvetage de 50 milliards d’euros

Credit Suisse, en mauvaise posture sur les marchés, annonce avoir obtenu un prêt de 50 milliards d’euros de la Banque centrale suisse ce jeudi. Objectif : rassurer du côté de ses liquidités et éviter un bank run.

Pourquoi est-ce important ?

Un parfum de 2008 ? Les banques étaient, les unes après les autres, en difficulté et nombre d'entre elles ont été sauvées par des renflouements. Ce prêt à Credit Suisse va-t-il calmer la tempête ou est-ce le signe d'une crise plus grande à venir ? Dans tous les cas, les renflouements peuvent avoir un effet pervers sur l'inflation, qui pourrait rester élevée plus longtemps.

Le contexte : le géant dans la tourmente.

  • Mardi, lors de la publication des résultats annuels, Credit Suisse (CS) a dû reconnaître qu’il existait peut-être des « faiblesses matérielles » dans les contrôles internes de ses comptes.
  • Mercredi, la Banque nationale saoudienne, prêteur de la banque, a lâché Credit Suisse.
  • Son action s’est effondrée sur la journée de mercredi : -24%. Elle a clôturé à son plus bas niveau historique (1,70 franc).
    • Une chute qui intervient également dans le contexte de chute générale des banques suite à l’effondrement de Silicon Valley Bank, vendredi passé aux États-Unis. Mais Credit Suisse tire le cours des banques encore plus vers le bas.

Too big to fail

Dans l’actu : Une bouée de sauvetage de la Banque centrale suisse.

  • Credit Suisse, c’est cinq fois la taille de Lehman Brothers, écrivions-nous mercredi. Il s’agit d’une banque qui est trop importante que pour s’effondrer (too big to fail, dans le jargon).
  • La Banque centrale suisse a donc accordé un prêt, annonce CS ce jeudi, relayé par Reuters. Montant : 50 milliards de francs suisses (un peu plus de 50 milliards d’euros).
    • Remarque : en 2022, l’institution monétaire helvète accusait une perte de pas moins de 133 milliards de francs.
  • « Ces liquidités supplémentaires soutiendraient les activités principales de Credit Suisse et ses clients, alors que Credit Suisse prend les mesures nécessaires pour créer une banque plus simple et plus ciblée, axée sur les besoins des clients », indique la banque.
  • Mercredi, les autorités suisses et le directeur de la banque, Ulrich Koerner, ont rappelé que les liquidités de CS correspondaient aux normes légales, et les dépassaient même. Ces 50 milliards de francs auraient pour but de rassurer davantage le marché et d’éviter une ruée des clients sur la banque.
  • Est-ce que la tempête va se calmer ? Réponse à l’ouverture des marchés européens. Sur les marchés asiatiques, l’annone a quelque peu calmé les choses, mais les cours restent volatils.

Le détail : contre-productif, dans la lutte contre l’inflation ?

  • « (Ce prêt) est utile. Il élimine un risque immédiat. Mais il nous place devant un autre choix. Plus nous agissons de la sorte, plus nous devons nous accommoder d’une inflation plus élevée – et quelle sera-t-elle ? », se demande le stratège en chef de Barrenjoey, Damien Boey, cité par Reuters.
    • « Les renflouements améliorent-ils la situation ? D’une part, vous supprimez une source de risque, qui constitue un danger clair et actuel, pour les marchés. D’autre part, nous alimentons ce paradigme d’une politique monétaire qui se retourne contre elle-même », continue-t-il.
    • Voilà aussi une question que la BCE doit se poser ce jeudi, en choisissant l’envergure de la hausse du taux d’intérêt. Pression sur les banques avec une hausse élevée ou pression inflationniste persistante avec une hausse légère ?
  • Ce prêt à Credit Suisse est le premier à une grande banque en difficulté depuis 2008. Ce qui ne va pas sans rappeler cette fameuse crise, où les banques, l’une après l’autre, ont eu des problèmes de liquidité et nombre d’entre elles ont dû être sauvées par les autorités.
  • Cette bouée de sauvetage va-t-elle calmer la tempête ou est-elle le signe que de graves problèmes nous attendent, peut-on se demander.
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