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« Avec la voiture électrique, nous opposons les riches aux pauvres »

« Avec la voiture électrique, nous opposons les riches aux pauvres »
Getty Images

En Europe, la vente de voitures à moteur à combustion sera officiellement interdite à partir de 2035. Une décision aux « terribles conséquences économiques, environnementales et sociales », selon François-Xavier Pietri, journaliste économique du groupe français TF1.

Pourquoi est-ce important ?

L'UE souhaite réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années. Pour y parvenir, elle a élaboré en 2020 un Green Deal européen : un ensemble d'initiatives visant à rendre l'Europe climatiquement neutre d'ici 2050. Une partie de ce paquet comprend l'interdiction de la vente de voitures à moteur à combustion à partir de 2035. L'Europe veut passer à un avenir tout électrique à partir de ce moment-là.

L’essentiel : « La décision de ne plus vendre de voitures à moteur à combustion est une décision purement politique qui ne tient pas compte des conséquences indirectes, tant sociales qu’environnementales », a déclaré M. Pietri au journal corse Corse-Matin.

  • Selon M. Pietri, l’UE choisit la solution de facilité. « Elle a fixé un objectif de zéro émission de CO2 d’ici à 2050 et a ensuite examiné les moyens d’y parvenir. Transformer l’aviation ? Pas possible du jour au lendemain. Transformer les industries ? Extrêmement complexe. Transformer l’agriculture, qui produit aujourd’hui plus de CO2 que les voitures (20 % des émissions mondiales contre 15,7 %) ? Trop compliqué.  C’est pourquoi l’Europe a choisi le secteur où c’était le plus facile : l’industrie automobile. »
  • Les fabricants n’auraient pas eu le temps d’achever leurs recherches sur les alternatives. Par exemple, ils travaillaient sur des moteurs à essence ultra-efficaces, avec une consommation de deux litres aux 100 km et de très faibles émissions de CO2. « Du jour au lendemain, tout s’est arrêté », raconte Pietri.
  • Une voiture électrique est presque 50 % plus chère qu’une voiture équipée d’un moteur à combustion classique. Une pénurie persistante de pièces détachées ne fait qu’aggraver ce problème.

Une voiture chère était autrefois une voiture puissante avec une finition luxueuse. Aujourd’hui, acheter une voiture chère, c’est en fait acheter une voiture qui va plus loin.

François-Xavier Pietri, journaliste économique au groupe français TF1.

Frappant : Certains constructeurs considèrent l’électrique comme une folie.

  • Le passage à la voiture électrique est un « moyen pour les constructeurs de redorer leur blason après le scandale du dieselgate et de tourner la page », explique M. Pietri. « D’autant que les investissements nécessaires seront rentables, mais les constructeurs restent en réalité très sceptiques », estime le journaliste.
  • La construction d’un moteur électrique ne nécessite que 3 ouvriers, contre 5 pour un moteur à combustion interne. Ainsi, l’industrie automobile est en mesure de se prémunir contre la hausse des coûts de la main-d’œuvre.
  • En outre, l’achat d’une voiture électrique est assez coûteux, de sorte que les constructeurs automobiles font plus de profit. « Chez Renault, si vous vendez une Zoé à 32.000 euros, vous n’avez pas la même marge que si vous vendez une Clio à 19.000 euros », semble-t-il.

Une grosse gaffe

Aujourd’hui : La voiture électrique prive de liberté.

  • Actuellement, il n’y a pas assez de stations de recharge.  » En ville, l’électrique ne pose pas de problème, à condition de pouvoir recharger à la maison. En revanche, si vous voulez faire un long voyage, vous perdez complètement cette liberté. »
  • Les batteries se déchargent également beaucoup plus vite qu’indiqué. L’autonomie moyenne d’une batterie est de 300 kilomètres, contre 550 kilomètres pour les voitures à moteur à combustion. En outre, le manque de stations de recharge crée des prix différents qui peuvent être très différents les uns des autres. « Sur l’autoroute aujourd’hui, il faut compter 15 euros pour parcourir 100 kilomètres avec une Renault Zoé contre 10 euros avec un moteur essence ou diesel moyen. »

Pénible : Lorsque la voiture électrique arrive sur le marché, elle est déjà en retard sur le plan écologique.

  • Le cobalt est l’un des métaux nécessaires à la fabrication des voitures électriques. Cependant, son exploitation, qui a lieu dans des pays plus pauvres comme le Congo entre autres, est très polluante et se fait dans des conditions indignes où les enfants toucheraient « jusqu’à un dollar par jour », estime le journaliste.
  • Ensuite, il y a la pénurie de lithium, dont 80 % des mines sont également détenues par la Chine. Pour fabriquer une tonne de lithium, il faut un million de litres d’eau. « Cela signifie que pour une batterie, il faut la consommation d’eau annuelle de 500 personnes ! ».
  • Dans certains pays de l’UE, l’électricité est encore largement produite à partir de mazout, ce qui signifie que la recharge électrique n’est pas très efficace sur le plan énergétique.

(JM)

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