Des attentes énormes pour l’introduction en bourse d’Arm, mais n’est pas Nvidia qui veut

Tous les regards se tournent vers la gemme aux puces de Softbank, nommée Arm, qui fera très bientôt ses premiers pas à Wall Street. Mais les attentes concernant le potentiel de croissance sur l’IA de l’entreprise sont peut-être démesurées.

Dans l’actu : Arm fera son introduction sur le Nasdaq jeudi, une opération présentée comme la plus importante entrée en bourse cette année, voire depuis deux ans.

  • Le géant britannique des microprocesseurs est la propriété du conglomérat japonais Softbank. 10% d’Arm serait coté à la Bourse de New York, tandis que Softbank garderait le reste dans son giron.
  • Avec cette IPO, Arm cherche à lever près de 5 milliards de dollars, ce qui la valoriserait à 54,5 milliards de dollars.
  • Selon Bloomberg, les investisseurs auraient déjà souscrit environ dix fois aux actions offertes par Arm, preuve de l’enthousiasme pour l’IPO.
  • Suite à cet intérêt bouillonnant, des sources de l’agence de presse indiquent qu’Arm pourrait relever la fourchette de prix de son IPO, fixé entre 47 et 51 dollars par action.
  • La période de souscription, qui se clôture mercredi, pourrait même être avancée d’un jour, selon le Financial Times.

Le nouveau Nvidia ? Une comparaison difficile

Le contexte : Arm s’appuie sur l’intérêt suscité par l’explosion de l’intelligence artificielle.

  • L’entreprise conçoit des modèles de puces, incluant les éléments de base et les codes essentiels qui définissent les interactions entre les logiciels et les microprocesseurs. Elle vend ensuite ces modèles à d’autres entreprises pour qu’elles construisent des puces. Arm est donc l’architecte de ces semi-conducteurs.
  • Les puces basées les architectures d’Arm se trouvent dans 99 % des smartphones dans le monde, y compris d’Apple, relève CNBC.
  • Dans la présentation de son IPO, l’entreprise prétend être « au cœur » de la transition vers l’informatique boostée par l’IA.
  • Mais selon les analystes, le marché se fourvoie s’il croit qu’Arm peut arriver à la cheville du géant des puces Nvidia. En réalité, l’entreprise aurait une exposition à l’IA bien plus limitée que ce que Softbank aime clamer.

« À court terme, la croissance pour Arm ne concerne vraiment pas l’IA, elle concerne la téléphonie mobile et l’augmentation des redevances. À plus long terme, je pense qu’Arm essaie de concentrer l’attention des investisseurs sur le potentiel de l’IA sur le terrain, dans les centres de données, mais pour le moment, ce n’est pas une part énorme de l’exposition de l’entreprise. »

Jamie Mills O’Brien, directeur des investissements chez Abrdn, à CNBC
  • Plutôt que de tirer sa valeur des puces GPU qui font tourner les grands modèles de langage derrière ChatGPT et consorts, comme le fait Nvidia, Arm devrait plutôt jouer un rôle majeur dans l’IA « sur le terrain », dans les smartphones plutôt que dans les outils non physiques basés sur l’IA.
    • « Si vous utilisez l’IA sur un smartphone ou dans une voiture, vous n’aurez pas le même niveau de puissance de calcul, vous devez donc optimiser le modèle pour une exécution locale », explique Peter Richardson, directeur de recherche chez Counterpoint Research.
    • En d’autres termes : comparer Nvidia et Arm serait comme comparer des pommes et des poires. On ne parle tout simplement pas de la même chose, pas des mêmes applications et donc encore moins de la même portée en bourse.
  • En outre, il est peu probable qu’Arm enregistre des gains provenant de l’IA dans ses revenus avant un délai d’au moins trois à cinq ans, selon les experts. Cela se répercutera sur ses résultats, qui décevront les attentes et pourront ainsi faire chuter le cours de l’action.

À suivre : si Arm risque de se brûler les ailes, son objectif – comme celui de toute autre entreprise avant son entrée en bourse – est de faire le plus de bruit possible avant la fixation définitive du prix de l’action. Reste à voir si elle figurera dans la fourchette haute, et si les investisseurs resteront accrochés jeudi, mais aussi sur le plus long terme. Une introduction en bourse n’est pas un 100 mètres, mais un marathon qu’il faut tenir sur la durée, au risque de voir le capital coté s’effondrer.

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