L’actualité : l’armée de l’Air et de l’Espace française – le nom a changé en 2020 pour inclure la dimension spatiale, ça n’est pas un hasard – envisage de développer un avion spatial.

• Le général Philippe Adam, le commandant de l’Espace au sein de l’armée française, a présenté devant l’Assemblée nationale les enjeux futurs de ce nouveau champ de bataille à l’aune du conflit en cours en Ukraine et des développements tant technologiques que géopolitiques.
• « L’espace étant assez difficile à observer et très difficile d’accès, il est peu aisé de voir concrètement ce qui s’y passe. C’est une zone où il est possible de dissimuler assez facilement les moyens d’action militaire derrière des capacités civiles… et il n’y a aucune raison que nous n’en tirions pas nous aussi parti » avançait le haut gradé dans le compte-rendu public de cette audition.
• Il s’est aussi attardé sur les « progrès » dans le rayon des missiles, et sur la difficulté de détecter à temps les nouveaux vecteurs explosifs, de plus en plus rapides et surtout capables de changements de direction.
• Dans ce contexte chargé, le développement d’un avion spatial est une piste qui mérite d’être étudiée ; l’idée est dans l’air depuis quelques années, en France rappelle Opex360, mais aussi chez ses partenaires européens.

« Les avions spatiaux sont l’un des moyens auxquels nous pensons [ pour placer des charges utiles en orbite, NLR]. Le modèle économique est bien plus intéressant et tire les prix de lancement vers le bas. C’était l’idée de la navette spatiale, qui avait été abandonnée avec Hermès, mais qui reprend sérieusement de l’intérêt parce que la technologie le permet, que les usages sont probablement différents, et que cela se fera de façon plus automatisée – pas forcément pilotée comme peuvent l’être des drones. »

Général Philippe Adam

• Le général n’a toutefois pas précisé s’il s’agirait d’un avion spatial orbital capable de se placer sur une orbite stable autour de la Terre, ou d’un vaisseau suborbital qui ne permet que de sortir de l’atmosphère en suivant une trajectoire parabolique le ramenant sur Terre.
• Le président français Emmanuel Macron a présenté la semaine dernière les grandes lignes de la nouvelle Loi de programmation militaire, avec un budget total de 413 milliards d’euros sur sept ans. C’est l’enveloppe la plus généreuse accordée au développement militaire hexagonal depuis les années 1960, relève Le Monde.
• La précédente loi de ce genre avait attribué 5 milliards à l’espace ; on peut attendre une nouvelle enveloppe généreuse pour cette arme.
• Le principal candidat pour construire un tel engin serait probablement Dassault Aviation, qui évoquait déjà l’idée en 2018, rappelle Opex360. En outre, Dassault Aviation étudie déjà un système de transport spatial réutilisable pour lancer des satellites en orbite basse, nommé VEHRA (VéHicule Hypersonique RéUtilisable AéRoporté).

Le contexte : des partenaires européens qui planchent aussi sur ce genre d’engin.

• En juin 2021, c’était la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, qui annonçait la création d’un Commandement spécial dédié à l’espace.
• L’aviation militaire allemande s’est lancée dans une série de partenariats avec des entreprises privées, dont Polaris Raumflugzeuge qui développe actuellement un avion spatial destiné à la Luftwaffe.