Cela faisait quatre mois que le président américain Joe Biden n’avait pas parlé au téléphone avec son homologue chinois, Xi Jinping. Il y avait de quoi papoter : la guerre en Ukraine, les chaînes d’approvisionnement défaillantes ou l’inflation croissante, sans oublier la question de Taïwan. Il était grand temps de mettre ces sujets sur la table pour les deux plus grandes puissances économiques du monde.
Ne pas jouer avec le feu, la politique d’une seule Chine est sacro-sainte
La question la plus importante sur la table était bien sûr Taïwan, le pays apparemment si cher aux États-Unis. Récemment, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, âgée de 82 ans, a exprimé le souhait de se rendre dans cet État insulaire en août. Cela allait à l’encontre des souhaits de Xi, qui croit fermement à la politique d’une seule Chine : seule sa République populaire de Chine est la vraie Chine, la République de Chine, mieux connue sous le nom de Taïwan, est un pays factice et dissident.
Lorsque Pelosi se rendra à Taïwan, ce sera la première fois en 25 ans qu’une personne occupant cette fonction (elle est considérée comme la 3e personne qui a le plus de pouvoir après le président et le vice-président) se rendra dans un État non reconnu par la Chine. La nervosité était dans l’air depuis plusieurs jours, et de nombreuses voix au sein de la politique américaine avaient suggéré qu’elle devrait annuler sa visite. Pelosi, cependant, ne changera pas d’avis.
L’appel vidéo entre Biden et Xi devait donc manifestement servir à mettre Xi à l’aise et à s’assurer que l’homme fort de Pékin ne chercherait pas une éventuelle escalade. Bien que la conversation se soit déroulée sans heurts et que Biden ait tenté d’apaiser les inquiétudes de Xi, cela n’a pas totalement réussi. Par la suite, le ministère chinois des Affaires étrangères, contacté par l’agence de presse Reuters, a cité le président Xi : « Celui qui joue avec le feu mourra. Il faut espérer que les États-Unis s’en rendent compte. »
Sur Taïwan, les deux nations mondiales continueront de diverger. Xi dénonce l’indépendance de Taïwan et le rôle qu’elle joue en dehors de ses frontières. Les États-Unis restent un allié de l’État insulaire et ont été largement remerciés pour cela par le ministère taïwanais des Affaires étrangères après la conversation avec Xi.
La communication est essentielle
Cependant, la conversation ne s’est pas limitée à éclaircir la question de Taïwan : au cours de la discussion, qui a duré deux heures et dix-sept minutes, beaucoup de choses ont été passées en revue. En effet, les deux nations sont confrontées aux troubles mondiaux que l’on connait, notamment le Covid et les problèmes subséquents de la chaîne d’approvisionnement de nombreux produits. Cette question a été abordée, ainsi que le changement climatique, la protection de la chaîne alimentaire mondiale, les soins de santé et la lutte contre la drogue. Au passage, la guerre en Ukraine a également été brièvement évoquée.
Biden espère surtout que la coopération avec la Chine pour combattre ou améliorer conjointement ces aspects ne pourra que se renforcer grâce à cette discussion. Le fait que l’épineuse question de Taïwan soit mise de côté pour un moment est, bien sûr, un bonus.
Le face-à-face est toujours préférable
La conversation a essentiellement servi à donner un nouveau souffle aux relations entre Xi et Biden. Xi a refusé de voyager à l’étranger pendant la période Corona, et même aujourd’hui, un voyage à l’étranger est toujours hors de question pour le dirigeant de 69 ans. Par exemple, il n’a jamais rencontré Biden (en tant que président des Etats-Unis) dans la vie réelle. Il est pourtant à la Maison Blanche depuis le 20 janvier 2021. Depuis février 2022, les deux dirigeants mondiaux se sont rencontrés cinq fois, mais à chaque fois par téléphone ou par appel vidéo.
Son homologue américain, de dix ans son aîné, est toutefois désireux de le rencontrer. Pour s’assurer que les relations entre les deux dirigeants continuent d’être préservées et, qui sait, même renforcées à l’avenir, Biden souhaite organiser prochainement une rencontre en chair et en os. De cette façon, Biden espère établir un lien personnel avec Xi, ce qui rendrait une véritable confrontation moins probable. « C’est le genre d’établissement de relations auquel le président Biden croit dur comme fer, même avec des pays avec lesquels vous avez des différents évidents », a déclaré John Kirby, coordinateur des communications du Conseil de sécurité nationale, cité par CNN.
Une date pour le voyage n’a pas encore été fixée, mais le mois de novembre offre des possibilités. Une série de sommets se déroulent alors en Asie, notamment le sommet du G20 à Bali, en Indonésie, et la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, la capitale de la Thaïlande. Une rencontre entre Biden et Xi pourrait alors également être fixée en marge de ces réunions.
(CP)