Ce lundi, le gouverneur de la Floride aux États-Unis, Ron DeSantis, a voté une loi interdisant aux réseaux sociaux de bannir un candidat politique. L’idée est d’empêcher les entreprises médiatiques de censurer certaines opinions politiques. Mais pour les firmes impliquées, cela pourrait conduire à la publication de contenus dangereux.
Pourquoi est-ce important ? Depuis l’émeute du Capitole et le bannissement de Trump de plusieurs réseaux sociaux, de nombreuses questions se posent sur le pouvoir de ces plateformes sur la liberté d’expression. Les républicains se disent victime de la censure d’Internet, même si les chiffres ne le démontrent pas. Pour les réseaux sociaux, la suppression de post et le bannissement de certains individus sont réalisés pour le bien commun. Cette loi pourrait créer un précédent dans le pays.
Que dit cette nouvelle loi ? La Floride a donc voté pour interdire le bannissement d’hommes et femmes politiques des réseaux sociaux sous certaines conditions. Il faut en effet qu’ils soient candidats à un poste pour l’État de Floride ou une de ses localités. En outre, l’interdiction concerne un bannissement de plus de 14 jours. Au 15e jour, une amende de 250.000 dollars pour les candidats qui se présentent à des élections étatiques ou de 25.000 dollars pour des élections locales sera imposée quotidienne au média en faute. La loi ne concerne donc pas Trump qui n’est actuellement pas candidat à une élection dans cet État.
‘Anticonstitutionnelle’
De Santis, considère que cette loi permet d’éviter la censure sur les réseaux sociaux. Dans son combat, il est accompagné de nombreux républicains, James O’Keefe, le fondateur de Project Veritas, qui s’attaque aux grands médias avec des méthodes plus que douteuses. Le Texas devrait également bientôt avoir une loi similaire, interdisant ‘de bloquer ou de discriminer un utilisateur en fonction de son point de vue ou de sa situation géographique’, explique le Washington Post.
Bien que la loi soit votée en Floride, ses détracteurs n’ont pas dit leur dernier mot. Selon Eric Goldman, professeur à la Santa Clara University Law School en Californie, la loi serait ‘anticonstitutionnelle’, car elle irait à l’encontre du 1er amendement, qui plaide pour la liberté de la presse et d’expression. Le pouvoir rédactionnel des éditeurs en ligne pourrait être en effet impacté. En outre, la décision va à l’encontre de la loi fédérale sur Internet qui protège les gestionnaires des plateformes d’être poursuivis pour des publications, photos et autres contenus partagés sur leurs services.
Les grands réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou encore YouTube ne se sont pas encore exprimés à ce sujet. Toutefois, les organisations commerciales qui les représentent ont déjà présenté leur opposition à la loi. ‘Si cette loi pouvait être appliquée d’une manière ou d’une autre, elle autoriserait les publications d’utilisateurs légitimes, mais horribles, y compris la pornographie, la violence et les discours de haine, qui rendront plus difficile pour les familles de naviguer en ligne en toute sécurité’, a déclaré Carl Szabo, vice-président et avocat général de NetChoice.
La loi indique que les réseaux sociaux peuvent continuer à supprimer les messages individuellement. Toutefois, en interdisant le bannissement de personnalités ayant des propos dangereux ou violents, elle permet indirectement à ces personnes de continuer à poster aussi régulièrement qu’elle le souhaite.
L’exception qui crée le débat
La loi précise également une exception. Les plateformes possédant un parc d’attractions ne seront pas concernées par cette interdiction. Cela signifie que Disney, qui possède un immense parc en Floride, pourra bannir des candidats sur ces médias sociaux. Mais personne ne comprend réellement d’où vient cette décision.
Pour Matt Schruers, président de la Computer & Communications Industry Association, cette exception est la preuve que la Floride ne croit pas réellement que ‘les efforts visant à protéger les utilisateurs d’Internet contre les contenus préjudiciables menaçaient la libre expression’.
D’autres questions se posent également sur l’application de cette règle. Est-ce que si Facebook achète un parc d’attractions, il ne sera plus concerné par cette loi ? La réponse est oui, selon le représentant républicain Blaise Ingoglia.
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