L’Allemagne revient sur sa promesse faite à la COP26 : la revoilà prête à investir dans des projets gaziers à l’étranger

Il y a un an, lors de la COP26, l’Allemagne faisait partie d’un groupe de pays qui s’étaient engagés à ne plus financer de projets de combustibles fossiles à l’étranger d’ici fin 2022. La situation ayant changé, Berlin estime que sa promesse n’a plus lieu d’être.

Pourquoi est-ce important ?

Ultra-dépendante de la Russie avant la guerre en Ukraine, l'Allemagne cherche tant bien que mal de nouvelles sources d'approvisionnement. Et même si elle a réussi à remplir ses stocks de gaz à un niveau qui devrait lui permettre de passer l'hiver au chaud, elle estime ne pas avoir suffisamment de partenaires que pour se reposer sur ses lauriers. Résultat, elle va financer de nouveaux projets à l'étranger.

L’actualité : l’Allemagne ne le cache plus, elle va mettre la main au portefeuille pour de nouveaux projets gaziers

  • D’après les informations du Financial Times, l’Allemagne va investir dans le développement de (nouveaux) projets gaziers à l’étranger. Cet argent servira tant à la phase d’exploration initiale qu’à la production en tant que telle. Le traitement et la distribution seront aussi concernés.
  • Cette question sera mise sur la table par Berlin lors de la COP27, qui se tiendra la semaine prochaine en Égypte.

Le contexte : l’Allemagne ne tient pas sa promesse

  • Lors de la COP26, 34 pays s’étaient engagés à ne plus financer de projets de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) à l’étranger.
  • L’Allemagne en faisait partie.

L’analyse : Berlin tente de faire passer la pilule

  • Dans une interview accordée au Financial Times, un fonctionnaire allemand a assuré que son pays n’allait pas investir n’importe comment.
  • « Il n’y aura pas de soutien aveugle », a-t-il précisé. Les pays recevant des fonds allemands « devront montrer qu’ils respectent leurs engagements [climatiques] » et chaque investissement gazier potentiel sera évalué selon ses « mérites individuels ».
  • Il a ajouté que l’Allemagne considérait le gaz comme « une source d’énergie transitoire ».
  • Des déclarations qui font écho aux propos de Jennifer Morgan, chargée de la politique climatique internationale du gouvernement allemand.
  • « Nous n’envisageons pas de contrats de gaz pour plus de 15 ans. Nous avons un objectif juridiquement contraignant en matière de gaz à effet de serre pour 2045. Nous allons en fait atteindre le pic de notre consommation de gaz plus tôt », a-t-elle assuré.

Et maintenant : gare aux débordements

  • Si l’Allemagne se permet d’abandonner sa promesse de la COP26, d’autres pays pourraient se dire « Et pourquoi pas nous ? »
  • D’ailleurs, cela ne déplairait pas au cabinet Scholz. Comme nous vous l’expliquions il y a deux semaines, Berlin a déjà discrètement poussé dans cette direction à l’échelle européenne, en appelant les gouvernements de l’UE et la Commission à « travailler avec les pays qui ont la capacité de développer de nouveaux gisements de gaz« .
    • L’Allemagne avait précisé que tout cela devait se faire « dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat ». Précision pour le moins incongrue, aucune ligne de cet accord ne semblait encourager ses signataires à financer de nouveaux projets gaziers.
  • Ce jeudi, l’AIE a prévenu les pays européens qu’en l’état, ils risquent d’éprouver de grosses difficultés pour remplir leurs stocks de gaz à un niveau suffisant à l’été 2023. L’agence ne les a toutefois pas appelés à financer des projets à l’étranger. Elle privilégie l’efficacité énergétique, le déploiement des énergies renouvelables et des pompes à chaleur et les mesures visant à réduire structurellement la demande de gaz.
  • On notera que ce ne sont pas les explorations et les éventuels nouveaux champs qui en résulteront qui permettront de résorber rapidement le déficit en gaz du Vieux continent, ces processus demandant bien plus de temps.
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