Près de 7 fois plus chère que le Meta Quest 3, le dernier casque de réalité virtuelle de Meta, la première incursion d’Apple sur le marché des appareils de réalité virtuelle et augmentée pose question. Si le prix du Vision Pro se justifie en partie par ses composants, que nous dit ce tarif de 3.499 $ sur la stratégie d’Apple ?
Zoom arrière : Apple n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler une marque abordable, même si elle propose depuis quelques années des produits plus accessibles.
- L’entreprise a d’ailleurs fondé son image de marque sur l’inaccessibilité de ses produits pour monsieur et madame Tout-le monde.
- Et si elle poursuit dans cette voie avec le Vision Pro, ce n’est pas pour rien.
Le lancement fracassant d’une nouvelle gamme de produits
La firme de Cupertino ne s’est pas contentée de dévoiler un nouveau produit. Elle l’a présenté comme le remplaçant à venir du Mac et de l’iPhone, annonçant une nouvelle ère.
- Une manière pour le géant américain de justifier le prix de son produit, car à 3.500 $, le Vision est près de 7 fois plus cher que le dernier casque de Meta, le Quest 3, annoncé quelques jours avant celui d’Apple.
- Alors certes, il semble plus performant en tous points, il n’empêche qu’à ce tarif-là, il sera hors de portée de la plupart des consommateurs.
- D’autant plus que son utilité reste encore à démontrer.
- On notera tout de même qu’Apple n’a jamais eu de problèmes à facturer ses produits beaucoup plus chers que ses concurrents.
Mais derrière ce produit, son orientation et son prix, se cache en réalité une stratégie savamment pensée, similaire à celle de Tesla, comme le souligne Nicolas Carlson de Business Insider.
Une stratégie savamment pensée
De manière générale, l’essentiel de la stratégie tarifaire d’Apple repose sur « l’écrémage des prix ». Une stratégie qui vise à fixer un prix initial très élevé pour un produit à son lancement et à le baisser progressivement au fil du temps. L’idée est « d’écrémer » les couches des consommateurs, en commençant par ceux qui sont prêts à payer plus, avant de passer à ceux plus sensibles aux prix.
On peut ainsi résumer la stratégie d’Apple comme suit :
- Exploiter un public prêt à dépenser beaucoup. Lorsqu’Apple lance une nouvelle gamme de produits, l’entreprise fixe un prix très élevé en misant sur ceux qui ne regardent pas aux dépenses, tant qu’ils sont les premiers à profiter d’un nouvel appareil à la pointe de la technologie.
- Apple maintient des bénéfices élevés tout au long du cycle de vie d’un produit. En fixant un prix très élevé au lancement d’un produit, la firme à la pomme maximise ses bénéfices auprès des premières couches de consommateurs. Après quoi, Apple peut continuer à engranger des bénéfices en réduisant progressivement ses prix et donc, en attirant des consommateurs plus soucieux de leur budget.
- Entretenir l’image de marque. En proposant un casque de réalité augmentée à 3.499 $, Apple ne fait que renforcer son image de marque de luxe et ambitieuse. Cela renvoie également le message qu’elle n’est pas là pour se mesurer à la concurrence, mais apporter un changement, en misant sur la qualité, la conception et l’expérience utilisateur.
- Financer le cercle vertueux. Les bénéfices élevés des ventes initiales permettent à Apple de financer la recherche et le développement d’autres produits en cours. C’est un élément crucial dans l’industrie technologique, car il faut sans cesse se renouveler et garder une longueur d’avance sur la concurrence.
- Les prix élevés généralisés de ses produits ont permis à Apple de développer et d’améliorer durant des années son casque.
Quel est le rapport avec Tesla ?
- Le premier véhicule qu’a sorti le constructeur automobile est le Model S, un modèle premium particulièrement onéreux à plus de 100.000 euros. Il a par la suite lancé le Model 3, plus abordable tout en restant coûteux (plus de 40.000 euros).
- Le Model S a permis à Tesla d’écrémer les consommateurs les plus à l’aise financièrement pour financer les projets de l’entreprise, notamment le Model 3.
- Et on peut aisément imaginer que c’est ce que compte faire Apple avec le Vision Pro. Ce dernier va permettre à la firme de Cupertino de continuer à financer ses projets, dont des alternatives plus accessibles, notamment des lunettes de réalité virtuelle.
Au final, même s’ils ne jouent pas sur le même terrain – du moins tant qu’Apple n’officialise pas sa première voiture électrique -, Tesla et Apple ne sont pas si différents que cela, et ce, même si la relation qu’ils entretiennent n’est pas au beau fixe.