L’Union européenne met à disposition un nouvel outil pour éviter la hausse des prix du gaz ce mardi. Il donne la possibilité aux entreprises de se mettre ensemble pour acheter du gaz.
L’UE s’associe enfin pour acheter du gaz naturel : pourra-t-on de cette manière éviter des prix élevés ?

Pourquoi est-ce important ?
L'été dernier, le prix du gaz naturel a atteint des sommets vertigineux en raison de la guerre en Ukraine. Bien que l'UE ait pris un certain nombre de mesures pour éviter que la crise énergétique ne prenne de l'ampleur, il est devenu évident qu'il fallait envisager de nouvelles façons de travailler ensemble. La mise en commun de la demande de gaz, sujet tabou pendant des années, est désormais une option réelle pour faire baisser le prix de la matière première.Dans l’actu : Le nouvel outil européen, AggregateEU, est mis à la disposition des acheteurs de gaz naturel dès aujourd’hui.
- Les entreprises pourront utiliser cet outil pour soumettre leurs prévisions de demande pour l’année à venir. Selon De Volkskrant, près de 70 entreprises se sont déjà portées candidates. En regroupant la demande de gaz naturel et en échelonnant les achats, elles espèrent obtenir des prix plus bas.
- Une fois les données collectées, les vendeurs pourront soumettre leurs offres. Les parties peuvent alors choisir de conclure un accord entre elles si elles sont toutes deux satisfaites des conditions.
- Important : il n’y a aucune obligation de conclure un accord. L’achat groupé n’est obligatoire que pour remplir les 15 derniers pour cent des réserves de gaz, ce qui est décisif sur le marché.
13 milliards de mètres cubes
La raison : lorsque les prix ont atteint des sommets l’année dernière, les acheteurs de gaz en Europe se sont livrés à une concurrence acharnée pour obtenir le produit à tout prix, ce qui a fait grimper les prix encore plus haut.
- L’union des forces devrait permettre d’éviter de tels scénarios à l’avenir. Pour être aussi efficace que possible, l’UE souhaite que le plus grand nombre possible d’entreprises adhèrent au plan.
- Mais on ne sait pas encore si les plus grands acteurs du marché, comme l’allemand Uniper et le français Engie, utiliseront le système AggregateEU. Des observateurs craignent que les grandes entreprises ne négocient directement avec les vendeurs, ce qui aurait pour effet de couper l’herbe sous le pied du mécanisme.
- Reste à voir comment s’organisera l’union des forces, une fois qu’elle sera obligatoire. Les États membres ont convenu à la fin de l’année dernière que les gouvernements devraient regrouper la demande pour remplir les derniers 15 % de la capacité de stockage. Cela représente quelque 13 milliards de mètres cubes, soit 3 % de la demande totale de l’UE pour une année.
Le détail : un coup d’oeil sur les réserves.
- Les réserves européennes de gaz naturel sont actuellement remplies à 58%. Après un mois environ où elles stagnaient à 56%, le remplissage semble enfin commencer.
- Leur niveau, au sortir de l’hiver, était historiquement élevé, notamment grâce à une réduction de la demande. Ce niveau laissait présager une période de remplissage plus facile qu’en 2022.
- Mais le remplissage s’annonce finalement particulièrement lent. C’est ce que note Thierry Bros, expert en énergie, sur Twitter. « Le remplissage du stockage de gaz est encore très lent par rapport aux données historiques. Si cela ne s’accélère pas rapidement, l’objectif de 90 % de remplissage sera difficile à atteindre… », avertit-il.
- Et d’ajouter : « La demande européenne ne va peut-être plus baisser, par rapport à l’année dernière, mais l’approvisionnement russe est toujours plus faible. »
- Un période de remplissage difficile, cela pourrait signifier une hausse des prix. Dans ce cas, l’achat groupé de gaz recevra vite son baptême de feu.
(CP)