Les vainqueurs de la crise bancaire : « Le mois de mars a été le meilleur depuis la crise financière de 2008 »

L’effondrement de Silicon Valley Bank et de Credit Suisse, tout comme les baisses générales des banques à la bourse, ont attiré les short-sellers, des investisseurs qui parient sur la baisse des cours. Un pari qui s’avère gagnant : ils ont pu empocher plus de 7 milliards de dollars avec cette crise bancaire.

Pourquoi est-ce important ?

Le short-selling est une stratégie d'investissement qui consiste à vendre une action (emprunté à un tiers) en pariant sur sa baisse. Les investisseurs gagnent leur argent en la rachetant quand son cours baisse. Dans un contexte de crise, de panique, et de fortes baisses, la stratégie peut s'avérer lucrative.

Dans l’actu : un rapport de la firme d’analyse de données Ortex sur les bénéfices qu’ont fait les short-sellers avec la crise bancaire, sur le mois de mars.

Les chiffres : 7,2 milliards de dollars dans la poche.

  • « Le mois de mars a été le plus rentable pour les short-sellers depuis la crise financière de 2008″, a déclaré Peter Hillerberg, cofondateur d’Ortex, dont le rapport a pu être consulté par le Financial Times et CNBC.
  • Sans surprise, la chute de Silicon Valley Bank, qui s’est entièrement effondrée, a rapporté le plus aux short-sellers. Ils ont gagné 1,3 milliard de dollars.
  • Les actions de First Republic ont perdu près de 90% sur le mois de mars. Les investisseurs pariant sur sa baisse ont gagné 848 millions de dollars.
  • Troisième plus rentable de la liste : Credit Suisse, avec 684 millions de dollars.
  • Et puis il y a tous les gros acteurs du secteur : les grandes banques américaines, tout comme la plupart des banques européennes, étaient en chute, à la bourse. Elles sont toujours en baisse entre 10 et 20%, par rapport au début du mois de mars, selon un rapide tour d’horizon des cours.

Contexte favorable

Le détail : des proies faciles.

  • Peter Hillerberg explique que lors du début de la pandémie, il y a trois ans, les actions des banques avaient aussi souffert. Mais moins de fonds et d’investisseurs s’étaient jetés dessus.
  • Ici, les étoiles étaient alignées pour faire des banques des proies faciles. La première s’est effondrée notamment à cause des taux d’intérêt : de quoi faire craindre un effet de domino et un effondrement d’autres banques, comme en 2008.
    • Avec cette crainte (ou panique), les cours ont évidemment baissé. Des cours qui baissent attirent toujours les short-sellers. C’était par exemple le cas pour Tesla en 2022. À lui tout seul, le constructeur de véhicules électriques a rapporté quelque 15 milliards de dollars à ces investisseurs. La baisse générale à Wall Street leur a fait gagner 300 milliards de dollars.

Hold-up des temps modernes

  • Mais au-delà du short-selling classique, la crise bancaire tient aussi du braquage. Les investisseurs ont en effet la possibilité de provoquer les chutes, surtout dans ce contexte de panique : vendre des actions en masse et acheter des assurances contre le défaut de paiement d’une obligation d’une banque (CDS). Avec des sommes assez importantes, placées par plusieurs acteurs cruciaux au bon moment, il est possible de faire croire au marché que quelque chose cloche et entrainer un effet boule de neige. Désunie, la banque peut ensuite être rachetée à bas prix par un concurrent (coucou UBS).
  • Voilà un modus operandi qui serait en partie responsable des récentes chutes des banques. Un casse dont on connaît maintenant le butin.
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