Web Analytics

Le Japon restreint ses exportations sur les machines à semi-conducteurs : la mesure anti-Chine dont Washington rêvait

Le Japon restreint ses exportations sur les machines à semi-conducteurs : la mesure anti-Chine dont Washington rêvait
(VCG/VCG via Getty Images, Kiyoshi Ota/Bloomberg via Getty Images, Contributor/Getty Images)

Ce vendredi, le Japon a annoncé qu’il allait mettre en place des restrictions sur ses exportations de semi-conducteurs. Même s’il ne l’a pas nommée, c’est la Chine qui est clairement dans son viseur. Les États-Unis sont ravis.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis quelques années, les États-Unis craignent que la Chine ne prépare une guerre contre Taïwan, laquelle risquerait de déboucher sur des débordements encore plus dramatiques. Washington déploie dès lors les grands moyens pour freiner la Chine, n'hésitant pas à faire appel à d'autres alliés, et pas seulement en Europe.

Dans l’actu : des licences pour les exportateurs japonais.

  • Ce vendredi, le ministre japonais des de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie a fait savoir que les exportations d’équipements destinées à produire des semi-conducteurs allaient être soumis à de nouvelles restrictions.
  • Le principal objectif (non avoué) ? Freiner la Chine dans ses avancées militaires.

La Chine dans le viseur

Le détail : freiner le développement militaire des ennemis.

  • « Nous n’avons pas un pays en particulier en tête avec ces mesures », a assuré Yasutoshi Nishimura.
    • En parallèle, il a indiqué que l’objectif était d’empêcher les pays qui représentent une menace militaire d’avoir accès à la technologie japonaise de pointe.
    • Personne n’est dupe : bien que le ministre japonais ne l’ait pas nommée, c’est la Chine qui sera la principale victime de cette mesure. « Elle n’est pas le seul risque », a toutefois précisé un autre responsable japonais, cité par le Financial Times.
  • Ces restrictions entreront en vigueur au mois de juillet. Une dizaine de fleurons nippons des équipements de production de semi-conducteurs seront concernés. Ils devront obtenir des licences d’exportation pour toutes les régions du monde.
    • « Nous examinerons rigoureusement s’il existe une crainte de détournement à des fins militaires », a expliqué Nishimura.

Le contexte : une tripartite.

  • Le Japon ne prend pas cette décision seule. En réalité, il s’aligne sur un accord tripartite récemment conclu avec les États-Unis et le Japon, où se trouvent d’autres acteurs majeurs de la production d’équipements à semi-conducteurs.
  • Washington a été la première à déclencher les hostilités, mais elle savait que seule une action coordonnée pourrait avoir un réel impact sur la Chine.
    • Après avoir un temps hésité – notamment pour des raisons économiques -, les Pays-Bas se sont alignés sur les USA au début du mois, annonçant des restrictions sur les exportations vers la Chine.
    • Avec l’annonce du Japon ce vendredi, l’accord entre les trois pays se concrétise donc enfin.

Tensions grandissantes entre les 2e et 3e économies mondiales

Plus globalement : les relations sino-japonaises se dégradent.

  • Comme le souligne le Wall Street Journal, le Japon n’a pas l’habitude de se montrer ouvertement critique à l’égard de la Chine. Et bien que, à nouveau, Tokyo tente de sauver les apparences en annonçant ne pas uniquement cibler son voisin asiatique, il s’agit d’une décision qui a toute son importance.
  • Cette annonce s’inscrit d’ailleurs dans une rhétorique japonaise de moins en moins prudente à l’égard d’une Chine dont le développement militaire exponentiel inquiète tous ses voisins. Il y a quelques mois, dans le cadre d’une communication sur l’augmentation du budget dédié à la défense, le gouvernement nippon a ainsi qualifié la Chine de « plus grand défi stratégique, contrairement à tout ce que nous avons vu auparavant ». La menace sécuritaire numéro un, en somme.
  • De son côté, Pékin a bien remarqué que Tokyo se montre de plus en plus audacieuse… et de plus en plus proche de Washington.
    • En janvier dernier, le ministre chinois des Affaires étrangères a ainsi dénoncé « l’obsession » des USA et du Japon « de contenir et de réprimer la Chine », « pour justifier son renforcement militaire agressif, le Japon a faussement exacerbé les tensions régionales », a-t-il également déploré.
  • Ce samedi, le chef de la diplomatie japonaise, le ministre des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi, se rendra à Pékin. Une première depuis décembre 2019.
    • Le but de la visite n’a pas été annoncé, mais il sera sans doute question, entre autres, de négocier la libération d’un ressortissant japonais récemment arrêté en Chine pour des soupçons d’espionnage.
    • « La Chine est un pays régi par l’État de droit. Les ressortissants étrangers présents en Chine doivent respecter les lois chinoises. Ceux qui enfreignent la loi et commettent des crimes et délits sont poursuivis », a commenté en début de semaine une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Il y a eu plusieurs cas similaires ces dernières années impliquant des citoyens japonais. Le Japon se devrait de mieux discipliner et rappeler à l’ordre ses citoyens. »
Plus d'articles Premium
Plus