Après avoir baissé pendant six mois consécutifs, l’activité économique dans la zone euro a renoué avec une croissance modeste. C’est ce que révèlent les chiffres préliminaires de S&P Global. Le chiffre de la croissance donne aux « faucons » de la Banque centrale européenne (BCE) des munitions supplémentaires pour préconiser la poursuite du resserrement de la politique monétaire.
Le retour de la croissance économique de la zone euro fait le jeu des faucons de la BCE

Pourquoi est-ce important ?
L'année dernière, la zone euro a été durement touchée par une crise du pouvoir d'achat et de l'énergie. Cela a exercé une pression sur l'activité économique. Mais la situation semble désormais se retourner.Dans l’actu : L’indice des directeurs d’achat de S&P Global, basé sur une enquête auprès des directeurs d’achat européens, a augmenté à 50,2 points en janvier, contre 49,7 points en décembre. Un chiffre supérieur à 50 points indique une croissance.
- Au cours de chacun des six derniers mois, cet indice affichait moins de 50 points, indiquant ainsi une baisse de l’activité économique.
- « La confiance des entreprises a augmenté. Cela indique une meilleure perspective pour l’année à venir, avec des carnets de commandes qui se réduisent moins rapidement. La croissance de l’emploi a augmenté, les entreprises se préparant à une année meilleure que prévu », a noté S&P Global dans un communiqué de presse.
- L’hiver doux a également stimulé la confiance des entreprises. En conséquence, la demande d’énergie a été plus faible, ce qui a eu un effet à la baisse sur les prix du gaz. Le prix du gaz en Europe oscille actuellement autour de 58 euros par mégawattheure. À la fin du mois d’août, ce prix avait encore franchi la barre des 330 euros.
- Dans le même temps, la pression sur la chaîne d’approvisionnement s’est relâchée, ce qui a profité aux producteurs allemands en particulier.
- Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global Market, a noté que l’indice des directeurs d’achat indique que la zone euro peut éviter une récession. « L’indice suggère qu’un creux a été atteint en octobre », précise-t-il.
Bonnes nouvelles pour les faucons de la BCE
Hausse des taux d’intérêt : L’augmentation de l’activité économique joue en faveur des faucons de la BCE, terme utilisé pour désigner les gouverneurs d’une banque centrale qui sont en faveur du resserrement de la politique monétaire.
- La croissance modeste montre que la zone euro peut encaisser des coups. Les faucons de la BCE ne manqueront pas de s’en servir pour plaider en faveur de la poursuite du resserrement de la politique monétaire lors de la réunion de politique générale qui se tiendra au début du mois prochain.
- Klaas Knot, président de la Banque centrale des Pays-Bas, a indiqué le week-end dernier que les taux d’intérêt devraient être relevés au moins deux fois de plus, de 50 points de base.
- Christine Lagarde, présidente de la BCE, a également indiqué lors d’un discours au Forum économique mondial (WEF) qu’il est trop tôt pour changer son fusil d’épaule.
- « L’institution monétaire est dans un dilemme », explique Bert Colijn, économiste chez ING. « La baisse des pressions inflationnistes est une bonne nouvelle, mais des prix de vente obstinément élevés et un marché du travail très performant feront sonner l’alarme à Francfort. Pour la prochaine réunion, cela signifie que la BCE va probablement maintenir le cap et opter pour une augmentation de 50 points de base. »
- En plus, il ne faut pas oublier que l’inflation de base – hors alimentation et énergie – est toujours en hausse, ce qui indique ce que l’on appelle des effets de second tour. L’inflation de base de la zone euro est passée de 5 à 5,2% le mois dernier.
Il faut faire attention : Plusieurs analystes et stratèges ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour la zone euro ces dernières semaines, mais certains nous invitent à ne pas s’emballer pour l’instant.
- « Les résultats d’aujourd’hui sont des signes positifs d’un retournement de tendance », analyse le groupe de réflexion Oxford Economics. « Mais nous pensons toujours que la zone euro se contractera au premier trimestre 2023, même si la récession sera plus légère que nous le pensions auparavant. »
(CP)