Philip Lane, économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), prévient que l’inflation élevée ne disparaîtra pas tout simplement, même si elle perd de son élan. « Les salaires n’ont pas suffisamment augmenté pour compenser la hausse des prix de l’énergie. Ceux-ci vont encore augmenter dans les années à venir, ce qui pourrait maintenir l’inflation à un niveau élevé », affirme-t-il.
« L’inflation ne disparaîtra pas, même si les prix de l’énergie continuent de baisser » : la mise en garde de l’économiste en chef de la BCE

Pourquoi est-ce important ?
Pour lutter contre l'inflation galopante, la BCE a commencé à relever ses taux directeurs cet été. Ils ont augmenté de 250 points de base depuis. D'autres (fortes) hausses des taux d'intérêt devraient suivre cette année.Les détails : Le dernier rapport d’Eurostat sur l’inflation indique que le taux d’inflation (en glissement annuel) de la zone euro a baissé de 10,1% en novembre à 9,2% le mois dernier.
- Nous devons cette baisse principalement à la chute des prix de l’énergie au cours des derniers mois. En glissement annuel, ils ont toutefois encore augmenté de 25,7%. En novembre, ils étaient encore en hausse de 34,9%.
- Un signe positif, mais Lane est convaincu que l’inflation élevée ne disparaîtra pas de sitôt. « Même si les prix de l’énergie baissent encore, l’inflation continuera à atteindre des sommets élevés », a-t-il averti lors d’un débat à la Nouvelle-Orléans.
- L’économiste en chef pointe du doigt les salaires. Il souligne que les salaires continueront à exercer une pression sur l’inflation. « Ceux-ci n’ont pas augmenté suffisamment pour suivre la hausse des prix de l’énergie. Je m’attends donc à ce que les salaires augmentent encore au cours des deux ou trois prochaines années », ajoute-t-il. Dans ce cas, on parle « d’effets de second tour ».
- Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’inflation de base – hors prix des denrées alimentaires et de l’énergie – est passée de 5 à 5,2% le mois dernier. Cela suggère que les hausses de prix commencent à se répercuter sur d’autres biens et services.
Que prévoit la BCE cette année ?
A l’avenir : Après les fortes hausses des taux d’intérêt en 2022, il est presque certain que la BCE poursuivra sa politique de resserrement monétaire cette année.
- Isabel Schnabel et Klaas Knot, deux membres du directoire de l’institution monétaire, ont confirmé dans leurs interviews de fin d’année le mois dernier que de nouvelles hausses de taux d’intérêt sont en vue. « Pendant longtemps, nous avons pensé que les causes de l’inflation disparaîtraient avec le temps« , a admis Mme Schnabel dans son entretien avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
- Lane est également favorable à de nouvelles hausses des taux d’intérêt. « Les simulations montrent que les taux d’intérêt ne sont pas suffisamment élevés pour ramener l’inflation à l’objectif de 2% en temps voulu », indique-t-il au cours du débat. « Mais toute décision sera prise sur la base des données que nous avons entre les mains à ce moment-là ».
(CP)