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Les investisseurs à la recherche de signaux positifs : qu’attendre des résultats des grandes banques américaines ?

Les investisseurs à la recherche de signaux positifs : qu’attendre des résultats des grandes banques américaines ?
Photo by Michael Nagle/Getty Images

Il ne fait pas bon sur les places boursières. C’est vrai en Europe et forcément à Wall Street. Outre Atlantique, les chiffres de l’inflation sont tombés, jeudi, et ils sont pires que prévu. Conséquence directe : les marchés ont de nouveau plongé dans le rouge, avant un rebond spectaculaire. Ce vendredi pourrait être tout aussi décisif, avec les résultats trimestriels de quatre grandes banques américaines : JP Morgan, Wells Fargo, Citigroup et Morgan Stanley.

Après les bonnes nouvelles du marché de l’emploi américain, les mauvaises nouvelles de l’inflation. Les deux ont pourtant eu la même conséquence : une chute importante des marchés. Car ces deux informations tombées coup sur coup signifient tout simplement que la Banque centrale américaine n’en a pas fini avec ses hausses des taux d’intérêt.

Et il semble que Wall Street ait toutes les difficultés à l’anticiper. Pourtant, les traders estiment à 98% les chances de voir une augmentation des taux d’intérêt de 0,75 % en novembre, et à 62% lors de la réunion suivante. Ce qui ferait la 5e hausse consécutive de 75 points. Personne ne sera vraiment surpris.

Pour le moment, les taux courts ont été portés entre 3 et 3,5% aux États-Unis. Et il se dit que la Fed n’arrêtera pas avant d’atteindre 4,5%. Ce qui nous mènerait au mois de janvier, date à laquelle la Bank of America prévoit enfin une hausse du taux de chômage aux États-Unis. Vous le savez, le marché de l’emploi est en surchauffe, ce qui alimente la hausse des salaires et donc de l’inflation. Les investisseurs guettent cet indicateur.

Les principaux indices américains ont finalement terminé dans le vert, car les investisseurs espèrent que l’inflation du mois de septembre sera le pic ultime, avant une baisse progressive fin 2022 et tout le long de l’année 2023. Il faudra ensuite attendre les premiers signes d’un ralentissement de l’économie.

Big 4

En attendant ce « pivot », qui pourrait servir de tournant dans la politique monétaire de la Fed, les investisseurs sont désespérément à la recherche d’autres signaux. Certains d’entre eux interviendront vendredi, avant la cloche de clôture. JPMorgan Chase (JPM), Wells Fargo (WFC), Citigroup (C) et Morgan Stanley (MS) publient leurs résultats du troisième trimestre. Qu’attendre ?

Les banques sont dans un contexte favorable. La hausse des taux d’intérêt leur permet de faire payer plus cher leurs prêts à leurs clients. Mais il y a aussi le revers de la médaille : l’économie est supposée ralentir, et avec elle, la demande de prêts. Les analystes interrogés par Refinitiv s’attendent à une baisse des bénéfices par rapport à l’année précédente dans les quatre banques.

En fait, trois facteurs sont déterminants pour évaluer leurs résultats, mais aussi forcément l’état de l’économie américaine : la croissance des prêts, les fonds propres et les perspectives économiques.

  • La croissance des prêts devrait rester solide, notent les analystes. Le risque de crédit et l’exposition aux pertes se renforcent, mais ne seront probablement pas encore assez conséquents que pour se montrer dans le bilan du 3e trimestre. Tout indique par contre que cette croissance des prêts décrochera au 4e trimestre et l’année prochaine. C’est particulièrement vrai pour les prêts hypothécaires, les taux ayant doublé en un an. Les demandes de prêts hypothécaires ont récemment atteint leur plus bas niveau en 25 ans.

  • Les fonds propres : les grandes banques ont les reins plus solides qu’en 2008. Les banques « Too big to fail » sont plus saines et c’est une bonne chose. Mais la crise des fonds de pension britannique et les déboires du Credit Suisse ont certainement suscité des inquiétudes de contagions.

  • Perspectives économiques : ce qu’on attend aussi, ce sont les commentaires des grandes banques sur l’état de l’économie. À cet égard, Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan, a fait fort en début de semaine dans la presse, prédisant une récession américaine et mondiale au milieu de l’année prochaine. Dimon a prévenu que le ralentissement économique pourrait provoquer une « panique » sur les marchés financiers et menacer de faire disparaître 20% de la valeur des actions américaines.
  • Lorsqu’on lui a demandé où il voyait le point bas de l’indice boursier de référence américain du S&P 500, qui a chuté de plus de 20 % cette année, Dimon a répondu que la baisse avait encore « du chemin à parcourir » et qu’elle « pourrait facilement atteindre encore 20 % ». Dimon a appelé les investisseurs à être « très, très prudents ». Il a ajouté : « Si vous avez besoin d’argent, trouvez-en ».

Autrement dit, le pivot du début d’année 2023 pourrait être le crépuscule d’une nouvelle chute généralisée. Avant un retour à ce que les économistes appellent le « New Normal » en 2024. Bref, une longue période d’incertitudes et d’opportunités.

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