Pour le PDG de la plus grande banque américaine, « nous entrerons en récession au milieu de l’année prochaine » et « les États-Unis vont devoir pomper davantage de pétrole »

Jamie Dimon, PDG de la banque américaine JPMorgan, pense que les économies américaine et mondiale entreront en récession au milieu de l’année prochaine. Une combinaison « très, très sérieuse » de contretemps serait à l’origine de cette situation.

Pourquoi est-ce important ?

Les investisseurs et les analystes financiers du monde entier suivent de près les observations macroéconomiques de Dimon. En tant que cadre supérieur de la plus grande banque américaine, il prend le pouls de l'économie mondiale. Auparavant, d'ailleurs, le milliardaire Ken Griffin a fait un commentaire similaire ; cela indique un consensus croissant parmi les personnalités de Wall Street sur la probabilité d'une récession américaine.

Parmi les indicateurs qui font office de sonnette d’alarme, le PDG mentionne l’impact de l’inflation galopante, la hausse des taux d’intérêt plus importante que prévu, les effets inconnus de l’assouplissement quantitatif (de ces dernières années) et la guerre en Ukraine.

« Ce sont des problèmes très, très sérieux, qui, je pense, vont probablement pousser les États-Unis et le monde – je veux dire, l’Europe est déjà en récession – dans une sorte de récession dans six à neuf mois », a-t-il expliqué lors d’une interview à la chaîne économique CNBC.

« Panique » sur les marchés financiers

Dimon a prévenu que le ralentissement économique pourrait provoquer une « panique » sur les marchés financiers et menacer de faire disparaître 20% de la valeur des actions américaines.

« L’endroit où vous allez probablement (…) voir un peu plus de panique est le marché du crédit », a-t-il fustigé. Il a souligné que les premiers signes d’agitation dans le système financier sont perceptibles. Il pointe par exemple vers la faiblesse du marché des introductions en bourse et des titres de créance à haut rendement, et s’attend à ce que la douleur se propage rapidement à d’autres domaines.

« La prochaine chute sera beaucoup plus douloureuse que la première »

Lorsqu’on lui a demandé où il voyait le point bas de l’indice boursier de référence américain S&P 500, qui a chuté de plus de 20 % cette année, Dimon a répondu que la baisse avait encore « du chemin à parcourir » et qu’elle « pourrait facilement atteindre encore 20 % ».

« Je pense que les prochains 20 % seront beaucoup plus douloureux que les premiers », a-t-il expliqué. Une hausse de taux de 100 points de base supplémentaire est beaucoup plus douloureuse que les 100 premiers points de base, car les gens ne sont pas habitués. »

Dimon a appelé les investisseurs à être « très, très prudents ». Il a ajouté : « Si vous avez besoin d’argent, trouvez-en ».

Crise énergétique

Dimon a également déclaré que les États-Unis devaient pomper davantage de pétrole et de gaz pour contribuer à atténuer la crise énergétique mondiale. Il considère la situation comme un risque pour la sécurité nationale, du même niveau qu’une guerre.

« Les Etats-Unis doivent jouer un véritable rôle de leader. Les Etats-Unis sont le principal producteur (de pétrole, NDLR), pas l’Arabie saoudite. Nous aurions dû le faire dès le mois de mars », a-t-il ajouté.

Dimon faisait référence à la décision du cartel pétrolier OPEP+ de réduire la production de pétrole de 2 millions de barils par jour. Cette décision n’a pas été bien accueillie par l’Occident. Le gouvernement américain, seul grand producteur capable d’influencer les prix du pétrole indépendamment des pays arabes et de leurs alliés, envisage de riposter.

Toujours selon le PDG de JPMorgan, d’ailleurs, la germination de cette crise énergétique était « tout à fait prévisible » – l’Europe était tout simplement trop dépendante des produits énergétiques russes, conclut-il.

(CP)