Les négociants s’attendent à ce que les prix du gaz en Europe restent élevés pour les années à venir en raison de la guerre en Ukraine. Le fait que le dictateur russe Vladimir Poutine ait autorisé la semaine dernière la reprise de l’acheminement du gaz par Nord Stream 1 n’apporterait qu’un maigre soulagement.
Les prix du gaz en Europe ont doublé en juin après la fermeture temporaire du gazoduc Nord Stream 1 pour maintenance. Bien que de nombreux Européens aient craint à l’époque que l’approvisionnement ne soit définitivement interrompu, M. Poutine a rouvert le robinet du gaz la semaine dernière.
Pourtant, les prix restent élevés : les analystes craignent que Poutine ne cesse de menacer de couper l’approvisionnement en gaz, du moins tant que l’invasion de l’Ukraine se poursuit et que l’Occident impose des sanctions. De plus, la pleine capacité du gazoduc n’est pas encore utilisée, car une turbine essentielle bloquée au Canada n’est pas encore arrivée et installée en Russie.
La dépendance à l’égard du gaz russe est une chose dont Poutine n’est que trop heureux d’abuser : le dictateur russe avertit déjà l’Europe que la capacité de Nord Stream 1 qui est utilisée pourrait tomber à seulement 20 % à partir de la semaine prochaine. En effet, une autre turbine serait alors envoyée en maintenance.
Des années de crise
On s’attend déjà à ce que l’approvisionnement en gaz de l’Europe ne soit pas suffisant au cours de l’hiver prochain. Si Poutine devait fermer complètement le robinet du gaz, cette situation pourrait bien empirer. Les prix élevés de l’énergie, qui alimentent une inflation vertigineuse, combinés à la récente hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE), pourraient même entraîner une récession sur le continent européen.
Vincent Demoury, secrétaire général du Groupement international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL), a averti que la crise pourrait également durer des années. L’Europe devrait de toute urgence trouver d’autres exportateurs et conclure avec eux des contrats à long terme, au lieu de négocier sur le marché au comptant (coûteux).
« Nous pourrons peut-être passer l’hiver prochain sans trop de dommages – si nous avons de la chance – mais l’hiver suivant sera probablement plus difficile et celui d’après encore plus », a déclaré M. Demoury au Financial Times au début du mois.
L’Europe se prépare
L’Union européenne, dont les plans sont de se passer entièrement du pétrole et de deux tiers du gaz russe d’ici la fin de l’année, veut se préparer à l’hiver prochain en réduisant la consommation de 15 %. Un projet qui ne semble pas se diriger vers la bonne voie : des pays comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce ne sont pas fans du plan, alors que des pays comme l’Allemagne, qui dépend largement du gaz russe, y sont favorables.
(JM)