En Chine, le président Xi a donné le coup d’envoi du sommet des BRICS, la réunion annuelle du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, qui se déroule cette fois en vidéoconférence. Le président russe Vladimir Poutine y participe également, ce qui constitue immédiatement une déclaration d’intention à l’Occident.
BRICS est un acronyme qui désigne les cinq grandes économies émergentes du monde depuis une vingtaine d’années, même si elles ne se sont pas développées au même rythme pendant cette période. Les cinq pays – qui représentent ensemble 40 % de la population mondiale – se réunissent pour la quatorzième fois, cette fois par vidéoconférence. La réunion des chefs d’État, avec la Chine comme hôte virtuel, comptera :
- Pour le Brésil : Jair Bolsonaro
- Pour la Russie : Vladimir Poutine
- Pour l’Inde : Narendra Modi
- Pour la Chine : Xi Jinping
- Pour l’Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa
Ainsi, le président russe Vladimir Poutine, malgré son bellicisme affiché en Ukraine, est autorisé à participer à nouveau à un grand sommet international. On a déjà pu constater ces dernières semaines que les quatre autres pays du BRICS n’ont pas condamné fermement l’invasion russe de l’Ukraine. Au début de la guerre, le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré qu’il resterait « neutre » dans le conflit. L’Inde, elle aussi, préfère garder profil bas.
Critique secrète de l’OTAN
Il ne fait guère de doute que Xi et Poutine utiliseront le sommet pour positionner les BRICS comme un contre-bloc face aux États-Unis, à l’OTAN, au G7 ou à l’UE. La Chine, bien sûr, est le poids lourd économique des cinq. Le président XI souhaite que les BRICS agissent de manière plus coordonnée et alignent leurs positions sur les grandes questions géopolitiques.
Dans son discours d’ouverture, Xi s’en est pris à la récente expansion de l’OTAN, sans mentionner nommément l’alliance militaire occidentale. « Les pays se retrouveront inévitablement dans une impasse en matière de sécurité s’ils croient aveuglément à leurs positions de pouvoir, élargissent leurs alliances militaires et poursuivent leur propre sécurité au détriment des autres », a-t-il déclaré.
Monnaie de réserve
M. Poutine a lancé une offensive de charme, déclarant que « des négociations sont en cours pour ouvrir des chaînes de magasins indiens en Russie et augmenter la part des voitures, des équipements et du matériel chinois sur le marché russe ».
« Nous étudions la possibilité d’établir une monnaie de réserve internationale basée sur un panier de monnaies des BRICS. » Il ne s’agit pas d’une nouvelle monnaie pour les citoyens ou les entreprises, mais d’un papier de réserve que les pays et les banques centrales peuvent utiliser.
Le nouveau papier de réserve – ainsi basé sur le réal brésilien, le rouble russe, la roupie indienne, le yuan chinois et le rand sud-africain – pourrait constituer une alternative à ce qui est aujourd’hui la norme internationale : les droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international (FMI). Les DTS sont basés sur un panier différent : dollar, euro, livre, yen et yuan.
Les intentions de Xi et Poutine sont claires : mettre en place un système financier et économique mondial alternatif dans lequel l’Occident – et surtout les États-Unis – n’aurait pas voix au chapitre.