En tant que directrice de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina a pour tâche, depuis deux semaines, de faire naviguer l’économie russe dans une mer des sanctions. Toutefois, ces derniers jours, des rumeurs circulent selon lesquelles elle aurait démissionné. Mais est-ce vrai ?
Les premières rumeurs ont été diffusées sur Facebook par Oleksei Honcharuk, qui a été Premier ministre de l’Ukraine entre 2019 et 2020. « La cheffe de la Banque centrale de Russie a démissionné en raison d’une mauvaise préparation à la situation qui s’est produite. Les rats ont déjà fui le navire militaire russe. La démission ne sera pas acceptée. Poutine entraînera TOUS ses sbires vers le fond », a-t-il annoncé.
Cependant, les déclarations de Honcharuk ont été rapidement contredites par Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. « Nous ne savons rien de sa démission. La présidente a fourni des mises à jour régulières sur le travail de la Banque centrale », a-t-il assuré.
Peu de temps après, la déclaration de Peskov a été à nouveau contredite, cette fois par le site ukrainien Obozrevatel. Des sources lui ont confié qu’Elvira Nabiullina aurait en effet indiqué, lors d’une conversation avec le Premier ministre russe Mikhail Mishoestin, qu’elle souhaitait présenter sa démission.
Cette demande de démission a également été avancée par Ilya Ponomarev, un homme politique russe qui a un temps été membre de la Douma. Il a été le seul député à voter contre l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et vit en Ukraine depuis 2016.
Une perte pour Poutine
Si Nabiullina a réellement présenté sa démission, ce qui semble désormais de plus en plus probable, ce serait une grande perte pour le groupe qui entoure Poutine. La Russie est actuellement confrontée à de nombreuses sanctions économiques, et une personnalité forte qui aide la Banque centrale (et donc l’économie) à se remettre sur pied est absolument nécessaire.
Nabiullina a montré par le passé qu’elle était capable de gérer des situations difficiles, notamment en 2014, après le déclenchement de la première guerre entre la Russie et l’Ukraine. La Russie avait déjà reçu des sanctions de la part de l’Occident et le prix du pétrole s’était effondré. Elle avait ensuite mené une politique de taux d’intérêt élevés et d’inflation limitée, ce qui avait permis de sauver quelque peu l’économie russe. Ces dernières années également, et après le déclenchement de la crise actuelle, la Banque centrale a semblé répéter cette recette.