Depuis cinq ans, la Commission européenne tente de négocier avec les États membres l’accueil d’une partie des réfugiés afghans qui se pressent dans les pays voisins de l’UE. Jusqu’ici sans succès, mais le changement de régime en Afghanistan a changé la donne : il vaut mieux les accueillir de manière contrôlée que de voir se multiplier les arrivées illégales, argumente la Commission.
L’Afghanistan est une des origines les plus représentées parmi les déplacés, réfugiés, et autres apatrides de par le monde, et la vague de panique déclenchée dans le pays par la reconquête des talibans n’a rien arrangé. Les pénuries, la sécheresse et la crise économique alimentent de nouveaux départs, et ce sont au moins 85 000 citoyens afghans qui se retrouvent dispersés dans différents pays bordant l’Union européenne. D’autres encore, sans doute bien plus nombreux, ont fui vers les pays voisins de l’Afghanistan.
Un dossier à l’étude depuis 5 ans
Une situation que Filippo Grandi, fonctionnaire de l’Organisation des Nations unies et spécialiste des questions de migration, jugeait extrêmement préoccupante tant ces déplacés vivaient dans des conditions vulnérables ; il a enjoint à l’UE d’en accueillir au moins la moitié. Le sujet est sur la table depuis au moins cinq ans, mais jusqu’ici, les États avaient toujours éludé de s’y engager. Jusqu’à ce jeudi : après de longues négociations, la commissaire européenne suédoise Ylva Johansson a annoncé que quinze pays s’étaient mis d’accord pour organiser l’accueil de 40 000 de ces réfugiés.
1675 personnes pour la Belgique
L’Allemagne acceptera la majeure partie des nouveaux arrivants, soit 25 000 personnes, les Pays-Bas se sont engagés pour 3 159 arrivants, l’Espagne et la France 2 500 pour chaque, et une dizaine d’autres pays se partagent le reste. « Et je pense qu’il s’agit d’un acte de solidarité impressionnant », a déclaré Ylva Johansson, estimant que permettre à davantage d’Afghans d’émigrer de manière contrôlée contribuerait à prévenir les « arrivées irrégulières », alors que le sort des migrants a en effet plusieurs fois occupé l’actualité ces derniers mois, entre la crise orchestrée par la Biélorussie aux frontières de l’Europe, et les naufrages qui se multiplient dans la Manche. D’autres pays craignent d’être les prochains confrontés à une crise migratoire, éventuellement orchestrée par une puissance voisine.
Ces 40 000 Afghans font partie d’un ensemble plus large de 60 000 réinstallations et admissions humanitaires promises par les États membres, et qui concerneront tant des Afghans que des ressortissants d’autres pays. La France et la Suède ont promis d’accueillir respectivement 5 000 et 4 200 réinstallations, sans précision de nationalité, tandis que la Belgique a promis des places pour 425 Afghans et 1 250 autres ressortissants.
Les responsables de l’UE n’étaient pas en mesure de donner immédiatement un calendrier pour ces nouvelles arrivées.