Un chercheur de l’Institut de nano-énergie de Pékin a mis au point un dispositif qui nous permettra bientôt de produire de l’énergie de façon constante à partir des vagues des océans. Le génie de ce dispositif trouve son origine dans les anciens mécanismes d’horlogerie, selon le dernier numéro de The Economist.
Wang Zhonglin, le chercheur en question, étudie comment les vagues océaniques peuvent générer de l’énergie. Il ne s’agit évidemment pas d’une innovation particulièrement nouvelle, mais ce mode de production d’énergie ne bénéficie pas encore du même niveau de soutien et d’attention que les panneaux solaires ou les éoliennes.
Selon The Economist, il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, il est extrêmement difficile de travailler avec l’eau de mer. L’eau salée est très corrosive et la puissance des vagues, dont nous voulons tirer parti, peut être dévastatrice pour les matériaux les plus solides. Deuxièmement, la maintenance d’une centrale électrique flottante est extrêmement difficile et coûteuse. Une troisième raison est que les vagues de la mer sont encore plus erratiques que la lumière du soleil ou les courants du vent, ce qui en fait une source d’énergie arbitraire.
En raison de ces difficultés, la technologie permettant d’extraire l’énergie des vagues de la mer est très en retard sur celle de l’énergie solaire et éolienne. Wang veut changer cela. Il a inventé un dispositif qui peut résoudre le troisième problème, celui des ondes intermittentes. Selon M. Wang, les systèmes existants ne sont équipés que pour générer de l’énergie à partir de grandes vagues puissantes. Mais les petites vagues contiennent également une énorme quantité d’énergie cinétique. Un générateur sensible pourrait utiliser les deux.
« Une pièce élégante du mécanisme de l’horloge »
Dans ses conclusions, Wang propose une solution à deux volets. Tout d’abord, il veut remplacer la méthode traditionnelle de production d’électricité par ce qu’il appelle la « triboélectricité ». Dans la méthode classique de production d’énergie, l’électricité est obtenue en déplaçant une bobine dans un champ magnétique. Cette bobine doit bouger très vite pour générer assez d’énergie. Cela fonctionne bien pour les grandes vagues, mais pas pour les petites. Avec la « triboélectricité », il serait possible de faire la même chose avec des vagues plus petites. The Economist compare ce processus au fait de frotter un pull en laine sur un ballon pour générer l’énergie statique. Seulement dans ce cas, le ballon est une série de bandes de plastique et le pull est une série d’électrodes en cuivre, qui peuvent capter l’énergie.
Pour gérer l’ensemble du processus, Wang prévoit d’utiliser un « élégant mécanisme d’horlogerie », comme le décrit le magazine. Au lieu d’avoir un générateur triboélectrique par installation, Wang veut en placer deux, chacun tournant grâce à de petits engrenages. Ces engrenages, à leur tour, sont mis en rotation par une plus grande roue fixée à une manivelle avec une palette à l’autre extrémité du générateur. Cette pagaie est abaissée dans l’eau sur l’installation flottante afin de mettre en mouvement les engrenages, qui génèrent alors de l’énergie même dans les petites vagues. En cas de vagues importantes ou fortes, la pagaie se déplace si rapidement que le deuxième générateur de la turbine est également mis en mouvement.
Des hectares de mer couverts par des turbines ?
La quantité d’énergie qu’un tel générateur pourrait générer n’est pas claire. Selon Wang, ce ne serait pas énorme. Il pense néanmoins que l’on pourrait travailler sur des « tapis » gigantesques de plusieurs hectares pour charger les batteries. Comme cette application ne dépend pas uniquement des grandes vagues, M. Wang pense que la technologie pourrait être déployée dans divers endroits du monde.
Reste à savoir si cela est possible et sera bien accueilli par les écologistes, qui pourraient penser que ce n’est pas une bonne idée de recouvrir entièrement la surface des océans de générateurs. Mais Wang montre avec son invention que l’innovation est encore possible.