Depuis quelques semaines, la possibilité d’administrer une troisième dose de vaccin contre le coronavirus à certaines personnes fragiles est sur la table de nombreuses autorités sanitaires du monde. Mais Pfizer veut aller bien plus loin, en proposant une dose de rappel à tout le monde.
En fin de semaine dernière, les autorités sanitaires américaines ont approuvé l’administration d’une troisième dose de vaccin Pfizer et Moderna aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, c’est-à-dire, notamment, les patients atteints de cancer ou du VIH et ceux ayant subi une transplantation d’organe.
Une décision prise suite à la réception de nouvelles données indiquant que les personnes immunodéprimées ne produisent pas une réponse immunitaire adéquate après avoir reçu deux doses d’un vaccin Covid.
Pfizer voit beaucoup plus grand
Ce lundi, Pfizer a annoncé avoir soumis à la Food and Drugs Administration (FDA), l’autorité sanitaire américaine, des données d’essais cliniques préliminaires dans le cadre de leur demande d’autorisation d’une dose de rappel pour toute personne âgée de 16 ans et plus. Et donc pas seulement pour les personnes dont le système immunitaire est faible.
D’après la firme pharmaceutique américaine et sa partenaire allemande BioNTech, dans un essai de phase 1, une dose de rappel du vaccin a généré « des anticorps neutralisants significativement plus élevés » contre la souche originale du coronavirus ainsi que les variants bêta et delta.
Les participants à l’essai ont reçu une troisième injection du vaccin à deux doses environ huit à neuf mois après avoir reçu leur deuxième injection, ont précisé les deux sociétés.
Le PDG de Pfizer lui-même, Albert Bourla, s’est exprimé sur cet essai, via un communiqué.
« Les données que nous avons vues à ce jour suggèrent qu’une troisième dose de notre vaccin provoque des niveaux d’anticorps qui dépassent de manière significative ceux observés après le schéma primaire à deux doses. Nous sommes heureux de soumettre ces données à la FDA alors que nous continuons à travailler ensemble pour relever les défis évolutifs de cette pandémie », a-t-il déclaré.
Pfizer et BioNTech recevront prochainement des données supplémentaires sur l’essai. Ils comptent les transmettre à la FDA, mais également à d’autres autorités sanitaires dans le monde, dont l’Agence européenne du médicament (EMA) « dans les prochaines semaines ».
Quid chez nous ?
Si les Etats-Unis recommandent désormais une troisième dose uniquement pour certaines personnes immunodéprimées, ils n’excluent pas d’en conseiller une à chacun dans le futur. Le Dr Anthony Fauci, conseiller médical en chef de la Maison Blanche, a déclaré que tout le monde aura « probablement » besoin d’une injection de rappel à un moment donné.
De son côté, l’OMS estime que ce n’est pas le moment d’autoriser une telle troisième dose. Elle estime qu’il manque encore des données et qu’il faut également mettre la priorité sur les pays où les campagnes vaccinales avancent bien plus lentement, la lutte mondiale contre le coronavirus passant par une couverture vaccinale globale.
Côté européen, l’EMA ne privilégie pas (encore ?) l’administration d’une troisième dose. Car elle n’a pas encore suffisamment de données à ce sujet en sa possession. Étant donné que Pfizer se prépare à lui en livrer, il ne serait pas étonnant qu’elle opte pour une attitude similaire à celle de son pendant américain. C’est-à-dire une recommandation pour les personnes immunodéprimées seulement, du moins dans un premier temps.
Les deux pays européens les plus peuplés, à savoir l’Allemagne et la France, n’ont pas attendu une décision de l’EMA. Chacun administrera une dose de rappel à partir du mois de septembre aux personnes fragiles.
Notons enfin qu’en Belgique, la task force vaccination a publié un document sur le sujet la semaine dernière. Manquant de données à l’heure actuelle, elle n’émet encore aucune recommandation allant dans le sens d’une troisième dose. Toutefois, elle considère qu’un rappel pourrait s’avérer utile chez certains patients. A savoir les personnes immunodéprimées et les personnes âgées, celles vivant en maisons de repos ou en résidences-services étant susceptibles d’être éligibles plus rapidement dans la mesure où elles ont reçu leurs deux premières doses plus tôt que celles vivant à domicile.
Pour aller plus loin: