L’abandon temporaire du vaccin AstraZeneca par divers pays de l’UE est un nouvel échec dans la saga européenne de la vaccination. Ce programme commence progressivement à paraître aussi maladroit que la politique d’austérité imposée à certains pays pendant la crise financière de 2008. Il est presque certain que les têtes vont bientôt tomber. Et pendant ce temps, des politiciens n’hésitent pas à resservir aux citoyens une nouvelle part d’euroscepticisme.
C’est tout à l’honneur du gouvernement belge de ne pas participer à la panique vaccinale. Les politiciens populistes qui l’ont fait auront bientôt la mort sur leur conscience. Alors que Tel-Aviv danse dans les rues et que le Royaume-Uni célèbre sa première victoire après le Brexit, les problèmes sur le continent s’accumulent. Après les masques et les tests, nous manquons maintenant de vaccins. Sur toutes les chaines d’informations télévisées, les membres des gouvernements nationaux promettent la vaccination complète et rapide de la population. Mais toujours ‘à la condition que les livraisons de vaccins promises suivent’.
Malheureusement, les doses n’arrivent qu’au compte-gouttes. Les sociétés pharmaceutiques livrent d’abord à leurs meilleurs clients, comme le ferait tout propriétaire d’entreprise normal. Ce sont les pays qui ont le plus payé et le plus rapidement pour des vaccins. Par exemple, l’UE paie 25% en moins pour les vaccins Pfizer/BioNTech que les États-Unis. Pour le vaccin AstraZeneca/Oxford, la différence est de 50%.
Les gros rabais se retournent contre nous
Aujourd’hui, l’Europe a beaucoup de difficulté à cause de ces gros rabais. Les pays européens sont maintenant relégués presque tout en bas de la file d’attente, juste avant les pays pauvres. Ces ristournes sur les vaccins sont finalement dénuées de sens du point de vue économique. Les remises de prix ont permis à l’UE d’économiser un milliard d’euros. Ce n’est même pas un centième du PIB de la région, qui est évalué à 15.000 milliards d’euros par an, soit un sixième du PIB mondial. Ces petites économies ne sont rien face à la reprise impressionnante de la Chine après la crise et face au plan de relance astronomique de 1.900 milliards de dollars approuvé par le Sénat américain la semaine dernière. La part de l’Union européenne dans l’économie mondiale va peu à peu se marginaliser. En 2008, juste avant la crise financière mondiale, le PIB de la Chine représentait un tiers de celui de l’UE – le Royaume-Uni compris. Aujourd’hui, il en vaut la moitié.
Dans tous les pays où la vaccination avance bien, on observe une diminution du nombre de cas de coronavirus. Mais dans la plupart des pays européens, les infections sont en augmentation, et ce malgré les mesures de confinement sans fin, qui pèsent de plus en plus sur une population épuisée. L’épisode d’AstraZeneca n’est guère plus qu’un énième problème propre à un marché unique paralysé par la bureaucratie et le scepticisme envers les vaccins. Qui peut expliquer pourquoi l’Agence européenne des médicaments prend toujours des semaines en plus pour approuver les vaccins par rapport à ses homologues britanniques ou américains ? Tout ‘sentiment d’urgence’ semble totalement inconnu chez les eurocrates.
Ce nouveau couac n’endommage pas seulement l’image de l’UE dans le monde. Mais il laisse également l’Union européenne avec un manque de confiance croissant de la part de ses propres citoyens. C’est malheureux, car la réunion de ces 27 pays européens fait avancer les choses dans de nombreux domaines. On note, entre autres, l’intégration des pays d’Europe de l’Est, mais aussi la lutte acharnée contre les Big Tech. L’UE reste également notre meilleure garantie de liberté et de sécurité géopolitiques. Mais si les politiciens n’arrivent pas à sauver cet été, la cause ne devra être recherchée que dans leur propre échec.
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