Fuyant la fraîcheur hivernale et les restrictions liées à la crise sanitaire, bon nombre de touristes européens se sont rendus à Dubaï ces dernières semaines. Les Émirats Arabes Unis, dont l’économie en dépend grandement, les ont accueillis à bras ouverts. Résultat: le coronavirus y frappe plus fort que jamais.
Devenue l’une des premières destinations au monde à se rouvrir au tourisme, Dubaï a vu un afflux de vacanciers se précipiter dans ses rues et sur ses plages cet hiver. Il faut dire que la tentation était grande: du soleil, des températures agréables et – surtout – des mesures sanitaires bien moins contraignantes qu’ailleurs en Europe.
Appâter les touristes
À Dubaï, tout est ouvert. Si le masque est obligatoire dans les espaces publics, ce n’est pas le cas dans le cadre privé. Pendant des semaines, les fêtes ont pu battre leur plein, permettant aux touristes de retrouver le goût de la normalité. Les tabloïds anglais ont d’ailleurs des images de vacanciers s’en donnant à cœur joie à Dubaï, soirées sur yacht et DJs au programme. Des influenceurs renommés ont été épinglés mais ceux-ci ont justifié leur voyage en le qualifiant… d’essentiel.
Jusqu’il y a peu, certains voyageurs – dont les Britanniques – n’avaient même pas besoin de présenter un test négatif au coronavirus pour embarquer en direction des Émirats Arabes Unis. Ils pouvaient se contenter de se faire dépister à leur arrivée sur place. En cas de test positif, ils devaient se mettre en quarantaine dans leur hôtel émirati.
Cela ne constituait pas un si grand problème, puisque Emirates remboursait à ses clients 100 euros par jour de quarantaine. En cas de complications, les frais de soins de santé étaient également couverts, jusqu’à 150.000 euros. La compagnie aérienne avait même prévu le coup si cela se soldait sur une issue tragique, avec des frais d’obsèques remboursés jusqu’à 1.500 euros. D’après le site d’Emirates, ces remboursements ont toutefois pris fin au 31 décembre dernier.
Bientôt la fin de la récré ?
Ce qui devait arriver arriva: le variant britannique du coronavirus a eu tôt fait de s’implanter à Dubaï. Depuis début janvier, le nombre d’infections explose, atteignant un stade jamais atteint depuis le début de la pandémie. Mais ce n’est pas ce qui freine les autorités locales.
Si Dubaï demande désormais aux touristes britanniques de présenter un test négatif avant leur départ, la capitale émiratie ne compte pas instaurer beaucoup plus de mesures restrictives. Elle dépend trop des touristes que pour les faire fuir.
En décembre, le taux d’occupation des hôtels de Dubaï a affiché un très satisfaisant taux de 71%. Lors de la première semaine de janvier, la liaison aérienne Londres-Dubaï (5 vols par jour) a été la plus fréquentée du monde, a révélé OAG, une société d’analyse de données aéronautiques.
Toutefois, l’enthousiasme émirati est en train de prendre du plomb dans l’aile. Non pas en raison de la flambée des cas de coronavirus, mais parce que les autorités étrangères y ont décelé un potentiel danger. Ce lundi, Israël a décidé de suspendre les visas de ses touristes pour les Émirats Arabes Unis. Cette interdiction durera jusqu’au mois de juillet.
De son côté, le Royaume-Uni a tout récemment décidé d’imposer une quarantaine de dix jours aux personnes revenant d’un séjour à Dubaï. ‘Les Britanniques représentent une proportion importante des touristes et des investisseurs à Dubaï’, a déclaré à AP David Tarsh, porte-parole de ForwardKeys, une société d’analyse de données de voyage. ‘Couper ce pipeline … est un désastre complet pour la ville’.
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Tout miser sur les vaccins
Les Émirats Arabes Unis communiquent très peu d’informations concernant l’évolution du coronavirus sur leur territoire. Ils publient les données relatives aux nouvelles infections quotidiennes. Pas un mot sur les hospitalisations. Toutefois, la population et les touristes étant relativement jeunes, les cas graves ne sont pas légion et les hôpitaux sont loin d’être bondés. Raison de plus pour que ne pas imposer de restrictions supplémentaires.
En revanche, pour regagner – ou ne pas perdre – la confiance des autorités étrangères, les autorités émiraties veulent faire de leur pays l’un des leaders en matière de vaccination.
D’après les chiffres divulgués par le gouvernement émirati, le pays aurait déjà vacciné 19% de ses 9,6 millions d’habitants. Ce qui le placerait au deuxième rang mondial, derrière Israël. Les locaux peuvent se faire injecter un vaccin de Pfizer/BioNTech – mais les doses viennent à manquer – ou opter pour le vaccin chinois mis au point par Sinopharm.
Bien que les touristes aient fait leur grand retour cet hiver et que la vaccination semble être en bonne voie, Moody’s Investors Service estime qu’il faudra trois ans aux Émirats Arabes Unis pour remettre son économie à flots.