Régulièrement accusée d’avoir minimisé l’ampleur de la crise sanitaire sur son territoire, la Chine doit maintenant faire face aux conclusions… d’une des ses institutions publiques.
Après de longs mois d’études, le Centre de prévention et du contrôle des maladies chinois a rendu son verdict. D’après lui, à Wuhan, en avril – soit au lendemain du pic de l’épidémie dans la région – 4,8% des 11 millions d’habitants étaient porteurs d’anticorps contre le Covid-19. Ce qui signifie que 480.000 personnes avaient été contaminées par le virus.
Or, jusqu’à aujourd’hui, les autorités chinoises avaient toujours annoncé que seules 50.000 personnes avaient été contaminées par le coronavirus à Wuhan. Le bilan dressé par l’institut public sanitaire chinois est donc près de dix fois plus élevé que celui communiqué par les autorités.
Pour Huang Yanzhong, spécialiste de santé publique au Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain, cette sous-estimation des cas a vraisemblablement eu lieu ‘lors du chaos de fin janvier et début février, quand beaucoup de gens n’étaient pas testés ou que les tests n’étaient pas fiables’, a-t-il déclaré à l’AFP.
Tout n’était pas faux pour autant
Si les conclusions précitées tirent une balle dans le pied du gouvernement chinois, la totalité de l’étude du Centre de prévention et du contrôle des maladies ne le fait pas démentir.
En effet, il apparaît que le strict confinement mis en place dans la région de Wuhan a porté ses fruits. Ainsi, toujours en avril, le taux de contamination dans le reste de la province de Hubei – dont Wuhan est le chef-lieu – n’était que de 0,44%. Les tests menés dans six autres provinces et métropoles du pays ont révélé que les contaminations y ont été quasi nulles.
Cela tend à démontrer que, si les autorités chinoises ont – sciemment ou non – donné de faux chiffres sur Wuhan, elles ont en revanche très bien maîtrisé la crise sur leur territoire. Elles avaient notamment placé Wuhan – et la province de Hubei en général – en quarantaine pendant 77 jours, de fin janvier à début avril. Un lockdown avait été instauré dans d’autres grandes villes du pays, durant le même laps de temps.
Impact sur le monde
Les sous-estimations de l’ampleur de la crise par les autorités chinoises auraient eu un lourd impact sur le reste du monde, qui ne s’est pas préparé au mieux à la sortie du virus hors des frontières chinoises. Donald Trump avait notamment porté de lourdes accusations envers le régime chinois, lui reprochant d’avoir tardé à communiquer et d’avoir, de facto, été responsable d’une ‘tuerie de masse’.
En début de semaine, Zhang Zan, une journaliste chinoise qui avait tenté d’alerter sur la réelle ampleur de la crise à Wuhan, a été condamnée à quatre ans de prison.
De son côté, l’OMS a annoncé mi-décembre qu’elle comptait envoyer une équipe en Chine en janvier afin d’enquêter sur les origines de la pandémie.