La fameuse 2e vague pointe le bout de son nez en Asie. C’est le cas au Japon et à Singapour, avant la Chine ? Chez nous, les scientifiques s’attendent à voir plusieurs vagues resurgir. C’est toute la question du déconfinement progressif qui est en jeu.
Après 2 mois et demi de quarantaine, la ville de Wuhan doit en principe assouplir les règles: 11 millions d’habitants vont pouvoir ressortir de chez eux, les gares et l’aéroport seront même ouverts. Avec deux grandes restrictions toutefois: seules les personnes en bonne santé sont autorisées à sortir, et l’accès à Pékin, la capitale, est interdit pour tous les voyageurs originaires de la province du Hubei.
Si la Chine n’a pas compté de décès lié au coronavirus ce lundi, le nombre de cas asymptomatiques a lui progressé. Ces personnes peuvent être le nouveau déclencheur d’une deuxième vague importante, en tout cas si les règles sont trop assouplies, de manière trop rapide.
Le FMI félicitait la Chine pour sa reprise économique, mais mettait en garde dans le même temps contre une résurgence de l’épidémie. Dans 45 zones résidentielles déclarées sans virus à Wuhan, le statut de porteur asymptomatique a d’ailleurs été révoqué, ce qui suscite l’inquiétude.
Japon
Au Japon, la donne est un petit peu différente. Car le pays n’a jamais pratiqué de confinement comme on a pu le connaitre en Chine ou en Europe. Mais ce mercredi, le Premier ministre japonais Shinzo Abe va appliquer l’état d’urgence pour les villes de Tokyo, Chiba, Saitmama et Kanawaga, ainsi qu’Osaka, Hyogo et Kukuoka. Toutes ces préfectures rassemblent quelque 55,9 millions d’habitants, environ un Japonais sur deux.
Cet état d’urgence sera d’application pour 30 jours avec une durée potentielle de 6 mois. Il permet aux gouverneurs de prendre des mesures rapides qui peuvent aller jusqu’au confinement et à la fermeture des entreprises. Mais il n’y a pas de lockdown généralisé.
Adepte du dépistage de masse et du traçage des malades, le Japon a vu son nombre de cas doubler la semaine dernière pour atteindre 3.500 cas et 85 décès. On reste très loin des chiffres européens.
Singapour
Même topo à Singapour, citée en exemple depuis le début de la crise sanitaire. L’île va entamer un confinement progressif à partir de ce mardi.
Doit-on pour autant discréditer leur approche précédente ? Pas du tout: leur préparation suite à l’épidémie de SRAS en 2003 a joué en leur faveur. Avec des tests en suffisance, ainsi que des stocks de masques importants. Pour un pays d’un peu plus de 5 millions d’habitants, il n’y a qu’un peu plus de 1.300 cas et 6 décès. Les hôpitaux n’ont jamais été débordés.
Europe
En fait, la question n’est pas de savoir si une 2e vague aura lieu, mais bien de connaitre son ampleur. En Belgique, où le confinement est appliqué depuis 3 semaines, un groupe de travail a été mis en place par la Première ministre Sophie Wilmès (MR). Il est déjà clair que notre déconfinement sera quelque chose de progressif. Par exemple: d’abord les écoles, ensuite les magasins, puis les cafés et en dernier lieu les rassemblements.
Mais il faudra de toute façon passer par un dépistage de masse de la population, pour se rendre compte de l’ampleur des cas, en ce compris les asymptomatiques. Les mesures de distanciation sociale devront perdurer, tout comme le port de masques sera sans doute rendu obligatoire. On en prend le chemin en France, notamment à Nice.
Est-ce que ces mesures seront suffisantes pour empêcher que la 2e vague, et puis la 3e soient limitées ? Le but, comme pour le moment, sera d’éviter l’engorgement des hôpitaux, et de diluer le nombre de cas dans le temps.
Reconfinement
Pour d’autres experts, il faut s’attendre à une période de précaution beaucoup plus longue, qui passe par des moments de reconfinement. Ben Cowling, professeur d’épidémiologie à l’Université de Hong Kong, pense probable une stratégie ‘qui nous mène à 3-4 semaines de confinement, tous les 3 mois.’ Le chercheur a toutefois conscience des effets pour l’économie. Pour lui, il faut trouver une sorte de ‘terrain d’entente’ entre le sauvetage de vies et la reprise économique, qui devient elle aussi nécessaire.
Des périodes de reconfinement, c’était aussi l’hypothèse d’une étude de l’Imperial College de Londres qui visait 1 mois de confinement, 6 fois sur les 18 prochains mois. Soit un tiers du temps.
Quoiqu’il arrive, le déconfinement sera un processus de transition, qui sera sans doute amené à évoluer. Mais ne vous attendez pas à pouvoir reprendre votre vie comme si de rien n’était le mois prochain.