En Belgique, comme dans tous les pays du monde, la population tend vers le vieillissement. Mais est-un atout ou un inconvénient pour l’économie?
Le vieillissement de la population est véritablement un phénomène mondial. Il touche aussi bien les pays développés que ceux en voie de développement. On parle de « personne âgée » quand un individu atteint les 65 ans. En Europe, 13,7% des personnes avaient 65 ans ou plus en 1990. En 2016, on est monté à 19,2% de la population de l’Europe des 28.
Pour donner des chiffres plus précis, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait doubler entre 2000 et 2050 pour atteindre le chiffre impressionnant de 2 milliards, contre 605 millions en 2000. Ce vieillissement de la population s’explique par deux facteurs: une baisse de la fertilité et une espérance de vie qui ne fait que grimper au fil des années.
Belgique
En Belgique, comment se porte la démographie au niveau des personnes âgées? Il faut savoir qu’au-delà de 2050, la génération du baby-boom d’après la Seconde Guerre mondiale aura pratiquement disparu. Donc, à partir de cette date, seul le solde naturel dictera la croissance démographique de la Belgique et du monde en général. Pour rappel, le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès. La croissance démographique belge n’a plus été soumise au solde naturel depuis 1990.
Car depuis les « nineties », notre croissance démographique est soumise au solde migratoire international. Autrement dit, la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l’année. En ayant ces éléments à l’esprit, le gouvernement belge a réalisé des projections et hypothèses pour 2070. Les voici:
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Une migration internationale des étrangers qui tend vers 120.000 immigrations et 100.000 émigrations par an
- Une espérance de vie qui augmente pour atteindre, en 2070, 90 ans pour les femmes et 88 ans pour les hommes
- une moyenne de 1,9 enfant par femme à l’horizon 2070. En 2015, on était à 1,7 enfant par femme.
Si toutes ces hypothèses se vérifient, la population belge comptera 13,4 millions d’habitants en 2070.
Atout ou inconvénient?
A priori, il est difficile de trouver des avantages au vieillissement de la population. En effet, cela provoquera une hausse des dépenses dans le secteur des soins de santé puisque les personnes âgées seront bien plus nombreuses et auront besoin de soins. Cela concerne aussi bien les problèmes physiques que mentaux, les seniors étant plus sujets à la démence. Dans les pays où les revenus sont plus faibles, cela sera encore plus problématique. Il faudra donc former encore plus de personnel médical et tous ces éléments peuvent peser sur les systèmes de retraite et de sécurité sociale.
L’économie est également menacée. Après la publication d’un rapport de l’ONU concernant les évolutions démographiques, la banque suisse HSBC avait publié un document où elle présente ses inquiétudes quant à l’avenir: « Nous devons faire face à un nombre de défis très difficiles dans le monde développé. Le taux de fertilité est trop bas, les populations vivent de plus en plus longtemps et la population active commence à baisser, créant des vents contraires entre la croissance et l’équilibre des finances publiques. »
En effet selon les estimations, la population active diminue de 0,3% chaque année. « En influençant la croissance, les politiques publiques et à présent les élections, la taille et l’état des populations sont plus importants que jamais […] Moins de travailleurs devrait signifier une croissance ralentie. Le défi immense pour le monde est la hausse en flèche du nombre de retraités sur la prochaine décennie et après » conclut HSBC dans son document.
Au niveau social également le vieillissement de la population est dangereux En effet, cela va engendrer encore plus d’inégalités. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publiait un rapport à ce propos en 2017. Ce document évoque plusieurs problèmes susceptibles de toucher la société dans quelques années: « Il y a un risque sérieux que les personnes nées à partir du milieu des années 60 et ayant un faible niveau d’éducation connaissent une vieillesse difficile. L’âge sera vécu de manière radicalement différente » en raison de « l’allongement de la durée de vie, de la diminution de la taille des cellules familiales, du creusement des inégalités tout au long de la vie active et des réformes qui ont réduit les pensions de retraite. »
Pour endiguer ce phénomène, il y a plusieurs choses à faire d’urgence selon l’OCDE: faire plus d’enfants d’une part mais aussi s’attaquer aux inégalités (genre, santé) pour qu’elles ne s’accumulent pas sur toute une vie.
Mais il y a de bonnes nouvelles
Des chercheurs de l’Institut Max-Planck, de l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA) et de l’Université de Washington, ont tenté de pointer des effets positifs du vieillissement de la population. Pour ce faire, ils ont pris l’exemple de l’Allemagne, le deuxième pays le plus vieux au monde qui affiche un taux de natalité de 1,4 enfant par femme et un âge médian de 46,2 ans. La part des plus de 65 ans va passer de 21% aujourd’hui à 33% dans les vingt prochaines années. Après leurs analyses, ils pointent 5 avantages possibles.
Premièrement, nous serons plus écologiques car les séniors consomment moins et sont plus sédentaires que leurs cadets. Les chercheurs pensent donc que l’humanité émettra moins de gaz à effet de serre et donc de CO2. On pourrait même atteindre le niveau d’émission recensé en 1950. Deuxièmement, nous serons en meilleure santé car notre longévité s’accroit, tout comme le nombre d’années pendant lesquelles nous sommes en bonne santé. Selon les analyses des chercheurs, un Allemand sera environ 80% sa vie en bonne santé contre 63% aujourd’hui.
Troisièmement, nous serons plus productifs car le nombre de personnes ayant un niveau d’instruction élevé avec un grand âge va considérablement augmenter. En effet, en 2008, environ 20% des plus de 50 ans étaient diplômés de l’enseignement supérieur, ils devraient être, selon l’étude, 34% après 2050. Donc, la diminution du personnel qualifié pourrait être remplacée par des employés beaucoup mieux formés et en bonne santé.
Quatrièmement, nous jouirons d’une meilleure qualité de vie. En effet, le rapport entre travail, temps libre et travaux ménagers se modifie progressivement pour favoriser et multiplier les temps libres. Les experts estiment que le temps consacré au travail devrait passer de 14,5% à 11,9% au milieu du siècle. Plus de temps à consacré à l’éducation des enfants, par exemple. Enfin, pour conclure, nous serons financièrement mieux lotis en partie parce que le patrimoine financier sera réparti entre moins d’enfants. Les jeunes générations en profiteront alors que leurs revenus vont globalement diminuer. Cet argent permettra également d’avoir de meilleures retraites.
Donc, si le vieillissement global de la population mondiale est inquiétante sur bien des points, l’avenir n’est pas si sombre que l’on pense.