Les “super-entreprises” contribuent à la hausse des inégalités

Aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, la part du travail dans le produit intérieur brut s’est sensiblement réduite au cours des dernières décennies.Ce phénomène est peut-être imputable à l’émergence de ce que l’on nomme « les super-entreprises », des firmes  qui dominent leur secteur.

Aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, la part du travail dans le produit intérieur brut s’est sensiblement réduite au cours des dernières décennies.Ce phénomène est peut-être imputable à l’émergence de ce que l’on nomme « les super-entreprises », des firmes  qui dominent leur secteur.

Avec la mondialisation, les super-entreprises de l’industrie musicale, sportive et même de la gestion des entreprises, gagnent plus d’argent que jamais. Dans ce modèle de société où le « gagnant rafle tout » (winner-takes-all), la seule place qui compte (et qui rapporte gros) est la première place.De nouvelles recherches des économistes David Autor et Lawrence Katz semblent indiquer que cette dynamique s’applique aussi à la concurrence entre les sociétés. Dans leur article, ils expliquent que l’ascension de ces super-entreprises est l’une des causes qui explique que le partage des bénéfices des entreprises se fait plus que jamais au bénéfice des actionnaires, plutôt qu’à celui des travailleurs.

La concentration à l’origine du pouvoir

Depuis les années 80, la concentration par secteurs d’activité s’est renforcée dans le monde développé, et le pouvoir des sociétés dominantes s’est accru. Grâce à ce pouvoir, les super entreprises ont été en mesure de maintenir les salaires des travailleurs à un niveau inférieur. De cette façon, les super-entreprises contribuent à la hausse des inégalités, selon les auteurs.Ils notent que dans les différents secteurs, les équipes de direction peuvent compter sur d’énormes rémunérations, alors que la plupart des autres salariés doivent constamment lutter pour gagner leur vie.Un exemple de bénéficiaire de l’économie du « gagnant rafle tout » est Google, qui a une part de marché de 90% en Europe. Les utilisateurs ont peu d’intérêt à choisir un moteur de recherche moins performant, et le facteur du prix n’entre pas en ligne de compte puisque les moteurs de recherche sont gratuits.Les auteurs avancent aussi d’autres causes à la concentration, telles que :

  • le relâchement dans l’application des lois anti monopole,
  • l’intensification des dépôts de brevets pour réduire la compétition,
  • la fragmentation du lieu de travail, qui fait que les entreprises à succès sous-traitent de plus en plus certaines activités comme le nettoyage, l’entretien ou les tâches administratives – et excluent ainsi certains employés des bénéfices que comporte la signature d’un contrat de travail pour une société superstar.
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