BusinessAM se projette vers 2025
L’année 2024 touche à sa fin. C’est pourquoi, pendant les dernières semaines de 2024, nous, chez BusinessAM, nous tournons vers l’avenir avec des experts du monde financier et économique. Comment l’économie américaine et européenne se comportera-t-elle en 2025 ? Et que pouvons-nous attendre du bitcoin et des autres cryptomonnaies ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions que nous traiterons dans cette série. Jusqu’à la fin de l’année, nous publierons chaque semaine une interview.
Pour notre première interview, nous avons parlé avec Christofer Govaerts, économiste en chef chez Nagelmackers, de l’impact que la présidence de Trump pourrait avoir sur l’économie mondiale.
2025 s’annonce comme une année assez incertaine. Dans la zone euro, les Allemands devront de nouveau se rendre aux urnes, et aux États-Unis, Donald Trump entamera son second mandat. Néanmoins, Christofer Govaerts, économiste en chef chez Nagelmackers, s’attend à ce que l’économie mondiale continue de se renforcer. « Les États-Unis resteront le moteur économique du monde développé. »
Tant la zone euro que les États-Unis ont été confrontés ces dernières années à d’énormes défis. On pense notamment à l’inflation élevée et aux incertitudes géopolitiques mondiales. Pourtant, les deux économies parviennent actuellement à maintenir leur cap. Selon les dernières données du Fonds Monétaire International (FMI), la croissance pour la zone euro devrait atteindre 0,8 % cette année. L’activité économique aux États-Unis augmentera de 2,8 % et la croissance mondiale s’élèvera à 3,2 %.
Les États-Unis ont surpris les analystes cette année. « La courbe des taux inversée (où le taux à court terme est plus élevé que le taux à long terme) avait laissé craindre une récession américaine de courte durée, mais ce scénario ne s’est finalement pas concrétisé », déclare Govaerts. « Au contraire, l’avion américain continue de voler et restera en l’air pendant un certain temps. La croissance devrait ralentir au cours des prochains trimestres, mais cela ne constitue certainement pas un désastre. À court terme, une récession aux États-Unis semble donc exclue. »
Et le reste du monde ?
Le FMI prévoit également une croissance positive pour l’économie mondiale en 2025. Une croissance de 3,2 % est actuellement anticipée, ce qui correspond au chiffre (prévisionnel) pour 2024. « Toutefois, il subsiste certaines incertitudes. Nous pensons notamment à l’impact de la victoire électorale de Trump », explique Govaerts. Ainsi, le président élu souhaite adopter une politique protectionniste. « Le FMI prévoit que la croissance dans la zone euro augmentera à 1,2 % l’année prochaine, mais cela n’est certainement pas garanti. »
« L’Europe devra également relever des défis supplémentaires en raison de certains problèmes structurels dans la région », poursuit Govaerts. L’Allemagne, habituellement le pilier économique du bloc monétaire, demeure le malade de l’Europe. Le FMI prévoit cette année une croissance nulle pour ce pays. L’année prochaine, la croissance allemande sera limitée à 0,8 %.
En Asie, la politique de Trump pourrait également poser des problèmes, en particulier pour la Chine. Le président élu envisage en effet de fortement augmenter les droits de douane sur les produits en provenance de Chine. « Le FMI prévoit une croissance de 4,8 % pour la Chine en 2024 et de 4,5 % en 2025. Mais pour la prévision de 2025, nous pouvons donc émettre des doutes en raison des incertitudes liées à l’administration Trump », indique Govaerts. « Le pays prend cependant des mesures de relance pour soutenir la croissance économique. » La croissance en Chine est restée inférieure aux attentes ces dernières années en raison, entre autres, d’une crise immobilière.
L’Inde semble, quant à elle, profiter de la crise chinoise. En raison de l’augmentation rapide de la population et des tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, de plus en plus d’entreprises se tournent vers l’Inde. Et cela se reflète dans les chiffres de croissance. Le FMI prévoit une croissance de 7 % pour l’Inde en 2024 et de 6,5 % en 2025.
Les banques centrales apportent un peu de répit aux États-Unis et à l’UE
En Occident, les économies peuvent également compter sur le soutien des banques centrales. Celles-ci ont commencé cette année à réduire leurs taux d’intérêt. La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale ont déjà réduit leur taux directeur de 75 points de base cette année. On s’attend à ce qu’elles poursuivent cette politique de relance en 2025.
« Tant aux États-Unis qu’en Union européenne, les institutions monétaires sont convaincues que l’inflation baissera l’année prochaine pour atteindre le niveau souhaité de 2 % », indique Govaerts. « Mais là encore, Trump reste un facteur incertain. »
Il n’est pas exclu que les dépenses publiques sous Trump puissent fortement augmenter. Selon le modèle budgétaire Penn Wharton, le déficit budgétaire aux États-Unis pourrait atteindre 5,8 trillions de dollars sous la présidence républicaine, contre 1,8 trillion de dollars aujourd’hui. Ces dépenses publiques extrêmement élevées pourraient de nouveau stimuler l’inflation, ce qui mettrait la Fed sous pression pour maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé pendant un certain temps.
Un taux d’intérêt américain plus élevé pourrait également avoir un impact sur la politique monétaire européenne. Si les taux augmentent aux États-Unis, tandis qu’ils continuent de baisser dans l’UE, l’euro sera davantage sous pression. Cela entraînera notamment une hausse des prix des biens importés des États-Unis pour les consommateurs européens. Chez Nagelmackers, on s’attend actuellement à ce que l’euro gagne en force l’année prochaine. « Dans notre scénario de base, nous prévoyons que l’euro vaudra 1,15 dollar l’année prochaine, contre 1,05 dollar aujourd’hui. Encore une fois, ce n’est pas garanti, car il y a de nombreuses incertitudes pour 2025. »