Demain, le gouvernement fédéral se penchera sur une question épineuse : la participation de la Belgique à une opération de l’Union Européenne destinée à protéger les navires marchands dans la mer Rouge. Le MR est particulièrement favorable à cette idée. Cependant, la gauche exige des contreparties.

• Les chefs de cabinet aborderont brièvement cette question cet après-midi, avant de la présenter demain au sein du kern. Le sujet principal est la participation potentielle de la Belgique à une opération européenne dans la mer Rouge visant à protéger le fret maritime. Les porte-conteneurs sont attaqués depuis le début du conflit à Gaza par les Houthis, un groupe rebelle chiite du Yémen, soutenu par l’Iran.

• Les États-Unis et le Royaume-Uni ont déjà entrepris des actions militaires contre les Houthis, qui y voient une opportunité de se faire remarquer et de défier le « grand ennemi ». Néanmoins, leurs attaques perturbent le commerce mondial : par exemple, Volvo Gent a dû mettre sur pause sa production, car les compagnies maritimes préfèrent dérouter leurs navires via l’Afrique pour éviter la zone à risque de la mer Rouge. Tesla a dû faire de même pour son usine à Berlin.

• L’Union Européenne, sous l’impulsion de la France, envisage une mission militaire parallèle à celle des États-Unis pour éviter de s’engager dans des opérations risquées. La mission de l’UE serait principalement défensive, consistant à escorter les navires marchands dans la zone stratégique de la mer Rouge, par laquelle transite 12 % du commerce mondial.

• Malgré ce cadre diplomatique prudent de l’UE, le PS et les Verts ont des réserves significatives, notamment en raison de l’insistance du MR, avec la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR) et Georges-Louis Bouchez (MR), pour participer à cette mission. La frégate Louise-Marie est déjà prévue pour se rendre dans la région dans le cadre d’une autre mission de l’UE et pourrait donc théoriquement y participer.

• Le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), qui assure la présidence tournante de l’UE, est lui aussi favorable à une participation belge, afin de montrer l’exemple au sein de l’Union.

• Cependant, la situation est délicate. Un tweet de Lahbib affirmant que « la Belgique travaille avec les partenaires de l’UE et les alliés américains pour rétablir la sécurité maritime dans la région » a été mal reçu par le PS, qui semble réticent à mentionner les États-Unis.

• En contrepartie, la gauche au sein de la coalition Vivaldi demande des actions supplémentaires si les libéraux souhaitent déployer leur frégate, même dans un contexte européen. La question de Gaza est forcément sur la table. Vooruit, Groen, Ecolo et le PS exigent que la Belgique plaide de nouveau pour des corridors humanitaires à Gaza et un cessez-le-feu immédiat.

• Plus important encore, ces partis souhaitent également une action juridique contre Israël devant la Cour internationale de Justice. Bien que rejoindre la plainte de l’Afrique du Sud soit écarté, la gauche de la Vivaldi souhaite lancer sa propre procédure basée sur l’article 63 pour « prévenir une catastrophe humanitaire ».

• Le Premier ministre De Croo a discrètement sondé d’autres pays de l’UE, comme l’Espagne et l’Irlande, qui sont également critiques envers Israël. À Davos, il a eu des discussions avec plusieurs chefs de gouvernement, y compris du Moyen-Orient, à ce sujet. Il semble que la formulation d’une plainte commune par un groupe de pays de l’UE à la Cour internationale de Justice serait plus efficace sur le plan diplomatique, bien que peu de pays de l’UE soient intéressés. Seul le socialiste espagnol Pedro Sanchez parait enclin à accepter, contrairement à l’Irlande.