C’est officiel : la Belgique intégrera pleinement le « Système de combat aérien du futur » qui semblait pourtant battre de l’aile

C’est officiel : la Belgique intégrera pleinement le « Système de combat aérien du futur » qui semblait pourtant battre de l’aile
Maquette 1:1 du Dassault-Airbus SCAF, le fameux « système de combat aérien du futur ». ISOPIX

La ministre de la Défense Ludivine Dedonder a annoncé par surprise que notre pays rejoindrait pleinement le programme SCAF dès 2025. Une décision qui tombe quelques semaines après des rumeurs de retrait allemand de ce projet européen.

Pourquoi est-ce important ?

Le SCAF, ou "Système de combat aérien du futur" est un des projets de défense les plus ambitieux de l'Europe. Il s'agit de développer un ensemble de systèmes d'armes aériens interconnectés, avec un nouvel avion de combat et un logiciel commun à tous les appareils de l'UE. À l'origine, le projet était porté par la France, l'Allemagne et l'Espagne. Mais il a été ouvert cette année à d'autres pays, originellement avec un statut d'observateurs.

Dans l’actualité : La Belgique intégrera pleinement le programme SCAF en juin 2025, annonce la Défense belge.

La Belgique pleinement dans le SCAF

  • En juin dernier, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder avait annoncé un rôle d’observateur pour notre pays, tout en suscitant la surprise et l’irritation, car le sujet n’avait pas été réellement porté sur la scène politique.
  • Une arrivée tardive dans le programme d’ailleurs assez mal reçue par le monde industriel français : « Je ne vois pas pourquoi je donnerais du travail aux Belges aujourd’hui », lâchait ainsi un peu plus tôt Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation.
    • Pour son entreprise, voir des pays ayant fait le choix des avions américains – des concurrents –  s’arrimer à un programme dans lequel la France veut incarner le premier rôle industriel ne sert ni ses intérêts économiques, ni ceux, stratégiques, de l’Hexagone.
  • Plus tôt ce mois-ci, des rumeurs ont circulé stipulant que l’Allemagne voulait, quant à elle, se retirer du projet. Et c’était quand même le prestigieux The Times qui avançait que Berlin voudrait rejoindre à la place le programme GCAP/Tempest de Londres. Mais cette affaire de doutes allemands et de rivalité croissante avec le partenaire français n’a jamais été confirmée ni même à nouveau évoquée depuis.
  • Voilà donc que notre ministre de la Défense arrive cette fois avec un véritable échéancier pour la participation belge. Un statut d’observateur officiel pour le royaume d’ici la fin de l’année, mais pas seulement : via un court message posté sur le réseau social LinkedIn, elle a aussi évoqué que l’industrie aéronautique belge « intégrera officiellement » le programme SCAF « en juin 2025 ».

« Le développement d’une capacité de combat aérien de nouvelle génération est une opportunité unique pour l’Europe. Ainsi, la Belgique s’engage pour la paix, la stabilité et l’innovation en défense, façonnant un avenir sûr et prospère, ensemble, pour notre nation et nos partenaires. »

Ludivine Dedonder

SCAF à quatre plutôt qu’à trois ?

De quoi chambouler encore un échéancier du SCAF qui a déjà été corrigé à de multiples reprises. En théorie, la Belgique rejoindrait donc de plein droit le trio de pays-concepteurs avant le lancement de la phase 2, qui doit encore faire l’objet de négociations. À quatre donc, plutôt qu’à trois, sans même aborder chaque partenaire industriel individuellement. On ne sait pas non plus comment Dedonder va défendre cette décision controversée devant le gouvernement fédéral belge… Qui se prépare aux élections de 2024.

  • Cela dit, les réticences de Dassault ne faisaient pas forcément l’unanimité, en France, relève le média spécialisé Opex360. Jean-Brice Dumont, responsable des avions militaires chez Airbus, a souligné la qualité de l’expertise belge en matière de MRO [Maintenance, Repair and Overhaul]. À noter toutefois qu’il partait du principe que l’armée belge achèterait donc bien des drones et des avions sous le système SCAF, vraisemblablement pour succéder à ses F-35 qui doivent encore être livrés.
  • De même, la diplomatie française soulignait récemment que finalement, le voisin du nord pouvait être le bienvenu. Peut-être aussi pour contrebalancer le poids du partenaire allemand, avec qui les négociations sont parfois compliquées.

« La participation de la Belgique comme observateur va accroître la dimension européenne du programme SCAF. La France, chef de file du projet, ainsi que l’Allemagne et l’Espagne reconnaissent l’investissement belge en matière de progrès technologique et d’innovation. »

Le ministère français des Armées
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