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En Flandre, la prime à l’achat d’un véhicule électrique est loin de faire l’unanimité

En Flandre, la prime à l’achat d’un véhicule électrique est loin de faire l’unanimité
BYD op het jongste Autosalon van Brussel – Getty Images

La prime flamande de 5.000 euros pour l’achat d’une voiture électrique s’attire beaucoup de critiques, dans le nord du pays. Parce que certains pensent que « la subvention aurait pu être plus généreuse », mais pas seulement.

Dans l’actualité : le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) a annoncé lundi la mise en place de primes pour tout particulier désirant acheter une voiture électrique. En 2024, cela représentera 5.000 euros pour une voiture neuve et 3.000 euros pour une voiture d’occasion. Cependant, la prime ne s’applique qu’aux voitures électriques en dessous de 40.000 euros. La mesure vise à accélérer la transition vers les voitures électriques chez les particuliers. Mais les réactions sont très diverses.

« Pourquoi subventionner les voitures, et non pas d’autres formes de mobilité ? »

« Il est regrettable que cette prime ne s’applique pas aux vélos, trottinettes, scooters ou autres véhicules utilitaires. En ne considérant pas ces catégories, beaucoup de potentiel pour l’électrification des modes de transport alternatifs se retrouve perdu », estime Gianni Isella, managing partner de Volty, une plateforme en ligne consacrée à l’e-mobilité.

Les organisations environnementales et les associations de mobilité expriment une opinion similaire. « La Flandre subventionne à nouveau les embouteillages », disent-elles.

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« Cela ne fera qu’augmenter les prix »

Selon la fédération d’organisations de défense de l’environnement Bond Beter Leefmilieu, ces primes envoient un mauvais message. « Cela profite à des gens qui n’en ont pas besoin. Ou aux vendeurs de voitures eux-mêmes, faisant augmenter le prix moyen des voitures », avance Naomi Cambien, collaboratrice politique. Si le gouvernement veut vraiment soutenir la classe moyenne inférieure, il aurait mieux valu soutenir les formules de location, de leasing et de partage, selon BBL.

« Subvention indirecte de la Chine »

L’élément le plus crucial d’une voiture électrique est bien sûr la batterie. Et environ trois batteries sur quatre proviennent de Chine. « Ce que le gouvernement flamand ne voit pas, c’est que nous subventionnons l’industrie chinoise. Une voiture électrique est en fait une batterie sur quatre roues, car la batterie représente 40% de son coût », rappelle le professeur d’économie Rudy Aernoudt (UGent) auprès de Trends. De plus, les voitures électriques chinoises, BYD en tête, ont le vent en poupe en Europe, à la grande inquiétude des constructeurs automobiles européens.

« Ça ne correspond pas à la politique européenne »

L’économiste Ivan Vande Cloot (Fondation Merito) souligne au passage que l’Europe envisage d’introduire une taxe à l’importation sur les voitures électriques chinoises, largement subventionnées par Pékin. « Avec cette subvention flamande, on donne d’une main, et on prend de l’autre », écrit-il sur LinkedIn.

« Pourquoi pas pour les entreprises ? »

Lex Hermans, fondateur de Volty, trouve que c’est une occasion manquée de la part du gouvernement flamand que cette subvention ne s’applique pas aux sociétés ou aux entreprises. « Actuellement, seulement 20% de tous les véhicules électriques sont détenus par des particuliers. » Cependant, ce faible enthousiasme des Flamands ordinaires était justement l’un des arguments du gouvernement Jambon, qui veut encourager spécifiquement les particuliers à opter pour une voiture électrique. L’idée sous-jacente est que les entreprises et les indépendants bénéficient déjà de régimes fiscaux avantageux pour les voitures électriques.

« Ça aurait pu être plus »

La fédération automobile Febiac souligne quant à elle que le surcoût moyen actuel d’une voiture électrique est d’environ 10.000 euros par rapport à une voiture à essence ou diesel. Ainsi, le fossé n’est pas encore comblé avec la prime, conclut la fédération, qui est bien sûr heureuse de tout soutien à la vente de voitures. Febiac rappelle également que rouler à l’électricité coûte environ moitié moins cher qu’à l’essence ou au diesel. « Si vous parcourez 20.000 kilomètres par an pendant trois ans, vous en avez pour moins cher avec une voiture électrique, après trois ans. »

Vu de Wallonie

Le débat wallon est suivi de près depuis le sud du pays. Par les particuliers et les concessionnaires qui aimeraient bien bénéficier d’incitants pour passer à l’électrique, bien sûr ; il n’y en a pas de prévu au programme, dans le sud. Car du côté du gouvernement wallon, on n’est guère enthousiaste à l’idée de s’inspirer du nord.

« En Wallonie, nous avons revu le système de la taxe de mise en circulation qui reste intéressant pour les voitures électriques, en particulier pour les petits et moyens véhicules. Maintenant c’est clair que nous avons beaucoup de choses à faire. Dans l’immédiat, cela ne nous semble pas une priorité de subventionner l’achat de nouvelles voitures, même électriques. »

Philippe Henry (Ecolo), ministre wallon de la Mobilité

Pourtant, la réforme de la taxation automobile, qui sera appliquée à partir de 2025, fait grincer des dents. Car certes, les petites électriques s’en sortent bien avec une taxe de mise en circulation un peu réduite, mais la tarification augmentera fortement pour les voitures puissantes et lourdes. Soit beaucoup de modèles électriques aussi, comme ceux de chez Tesla : la taxe d’une Model Y passe ainsi de 61,5 euros à 1.404,5 euros. Si la proposition de Jan Jambon peut sans doute être critiquée, on attend donc toujours les véritables initiatives wallonnes pour inciter les particuliers à opter pour l’électrique.

MB

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