Les États européens mettent sur la table 700 milliards d’euros pour faire face à la crise : la Belgique beaucoup moins généreuse que la France

Un rapport fait le compte des différents budgets que les États européens (et le Royaume-Uni) allouent aux ménages et aux entreprises pour faire face à la crise énergétique. Total : 576 milliards d’euros. La Belgique se retrouve assez loin à l’arrière du classement. Mais le rapport oublie un élément important : le budget des régions.

Pourquoi est-ce important ?

Avec la guerre en Ukraine, les prix de l'énergie explosent. L'économie européenne en souffre, et les pays font tous leur possible pour aider financièrement les ménages et les entreprises. Avec d'énormes différences qui traduisent aussi la santé économique de leurs finances publiques.

Dans l’actu : Un rapport de l’Institut Bruegel qui fait le point de la situation. Décortiquons les chiffres.

  • La Belgique fait beaucoup moins bien que le reste de l’Europe. Le budget alloué par notre pays pour faire face à la crise ne pèse que 4,8 milliards d’euros. C’est l’équivalent de 0,8% de son PIB (le critère selon lequel les pays sont classés). Seuls cinq pays allouent une part de leur PIB encore plus petite, à savoir Chypre, l’Irlande, l’Estonie, la Finlande et la Suède (0,3%).

  • Le pays qui donne le plus d’argent est l’Allemagne, avec une enveloppe colossale qui dépasse, de loin, celle des autres pays : 264,2 milliards. Le deuxième est le Royaume-Uni (seul pays non-UE repris dans l’étude), avec 97 milliards d’euros. L’Allemagne arrive en deuxième place en termes de PIB ; ce montant correspond à 7,4% du produit intérieur brut. La première place revient à Malte, avec 7,7% (1,1 milliard d’euros).

  • Les pays voisins de la Belgique se classent bien mieux qu’elle :
    • Les Pays-Bas sortent une enveloppe de 45,3 milliards d’euros, ou 5,3% du PIB. Le pays occupe la cinquième place de la liste.
    • Le Luxembourg débourse 2,4 milliards d’euros, ce qui correspond à 3,3% de son PIB.
    • La France clôt se trouve moitié du classement (14/28), avec 71,6 milliards d’euros, ou 2,9% de son PIB.
crédit : Institut Bruegel.
  • À cette addition de près de 600 milliards d’euros, il faut encore ajouter les sommes dépensées par les États pour sauver les géants énergétiques, comme l’Allemagne qui a racheté Uniper. On arrive alors à 710 milliards d’euros, soit 90 milliards de moins que la totalité des plans de relance post-covid de l’UE, calcule Bloomberg.

Le détail : Les budgets régionaux ne sont pas inclus.

  • Un mot sur la méthodologie : ces sommes concernent des sommes totales allouées, et non des dépenses déjà faites. Sont exclues : les aides régionales et européennes.

  • Or, en Belgique particulièrement, les régions jouent également un rôle (et le rapport admet cette faiblesse). Elles mettent la main au portefeuille : 3 milliards d’euros en Wallonie, 4 milliards en Flandre et 200 millions à Bruxelles. De quoi changer un peu la donne : le total augmente à 12 milliards d’euros. Sur un PIB de 500 milliards d’euros, cela représente 2,4%. La Belgique remonterait alors à la 16e place.

L’essentiel : un jeu d’équilibriste délicat avec la dette et le déficit public.

  • Tous les pays ne sont pas lotis à la même enseigne pour faire face à la crise. La Belgique traine un boulet au pied. Sa dette qui dépasse déjà 106% du PIB et qui atteindrait 116% en 2027. Le déficit public affiche 4,9% du PIB, dans les différents budgets (fédéral et régionaux) déposés à l’Europe.

  • Des pays avec moins de dettes, à l’image de l’Allemagne et du Luxembourg (30% du PIB), peuvent se permettre plus de largesses dans les aides. Un pays dans la situation de la Belgique se ferait vite taper sur les doigts par les marchés s’il sortait des aides mirobolantes de son chapeau. Le Royaume-Uni l’a essayé, et s’est fameusement brûlé les doigts.
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