La violence en Irak peut-elle avoir un impact sur les exportations de pétrole ?

Selon la banque canadienne RBC, les violentes manifestations en Irak pourraient entraîner le retrait d’un million de barils de pétrole du marché mondial chaque jour. Cela risque de déstabiliser encore davantage l’offre, déjà fragile.

La violence a éclaté dans le pays lundi après que Moqtada al-Sadr, un influent clerc chiite, a annoncé qu’il quittait la politique. Ses partisans sont descendus dans les rues de la capitale Bagdad, provoquant un véritable bain de sang. Les émeutes auraient fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. Les partisans d’Al-Sadr combattaient une faction chiite rivale soutenue par l’Iran.

Mardi, M. al-Sadr a appelé ses partisans à mettre fin aux manifestations. Il a condamné la violence et a appelé ses partisans à rentrer chez eux. « Ce n’est pas une révolution car elle a perdu son caractère pacifique », a déclaré M. al-Sadr. « L’effusion du sang irakien est interdite. »

Al-Sadr a quitté la politique parce que les autres dirigeants chiites n’ont pas réussi, depuis les élections d’octobre, à réformer le gouvernement irakien corrompu. Le président irakien Barham Salih affirme aujourd’hui que la crise politique est loin d’être terminée et a appelé à des élections anticipées, l’une des revendications d’al-Sadr.

Des millions de barils de pétrole

Bien que les esprits se soient calmés pour le moment, le risque de nouvelles violences demeure. Selon une source anonyme du gouvernement irakien, le pays est incapable de contrôler les groupes rivaux. « Le gouvernement est impuissant à arrêter cela, car l’armée est divisée entre les loyalistes (iraniens, ndlr) et les sadristes (partisans d’al-Sadr, ndlr) », a déclaré la source à Reuters.

Et cela pourrait bien avoir un impact sur le marché mondial du pétrole. Après tout, l’Irak est le cinquième plus grand exportateur de pétrole brut au monde. Si la violence devait reprendre, cela pourrait entraîner le retrait d’une grande quantité de pétrole du marché, selon RBC.

Mardi, Helima Croft, directrice générale de la stratégie des matières premières de la banque, a averti que si la violence éclatait dans les installations de production, jusqu’à un million de barils de pétrole par jour pourraient potentiellement ne pas être exportés. L’Irak est actuellement le deuxième plus grand producteur de pétrole du cartel pétrolier de l’OPEP, qui a déjà du mal à faire face à la demande mondiale. « Tout ce qui aurait un impact sur la production irakienne serait très important pour le marché », explique Croft à CNBC.

Crise énergétique européenne

L’impact pourrait également se faire sentir en Europe. Après tout, l’Union européenne prévoit de se défaire complètement du pétrole russe dès décembre : l’UE instaurera alors un embargo total sur l’or noir de Poutine et des oligarques.

Cela rendra le continent encore plus dépendant du pétrole des pays de l’OPEP, entre autres. La Russie est actuellement le premier fournisseur de pétrole de l’Union. Bien que les États-Unis et la Norvège soient respectivement deuxième et troisième, la part de l’Irak n’est pas négligeable : en 2021, l’UE a importé quelque 6,6% de son pétrole brut depuis le pays. Si l’on exclut la Russie, qui représentait 24,8% cette année-là, la part de l’Irak passe à environ 8,8%.

(CP)

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