Vers un vaccin efficace contre tous les coronavirus: les premiers résultats sont déjà prometteurs

L’invention des vaccins contre le Covid-19 restera dans les mémoires comme une étape importante de la médecine. Mais les scientifiques recherchent également un vaccin qui pourrait fonctionner contre tous les coronavirus. Les chercheurs commencent à développer des prototypes de ce que l’on appelle un vaccin contre le pancoronavirus. Et les premiers résultats semblent prometteurs.

Eric Topol, professeur de médecine moléculaire au Scripps Research Institute de San Diego, et Dennis Burton, immunologue au Scripps, ont lancé lundi un vaste projet de vaccin contre tous les coronavirus dans la revue Nature.

Le développement rapide des vaccins contre le Covid-19, très efficaces moins d’un an après l’apparition de la maladie, a été rendu possible en partie grâce à certaines propriétés du coronavirus SARS-CoV-2. Celles-ci facilitent la conception du vaccin grâce notamment à la protéine de pointe à la surface du virus. Cela incite l’organisme à produire des anticorps neutralisants protecteurs, protéines qui se lient aux virus et les empêchent d’infecter les cellules humaines.

Le prochain agent pathogène qui pourrait provoquer une pandémie pourrait ne pas s’avérer aussi approprié. La création d’un vaccin contre un autre type de coronavirus pourrait dès lors prendre beaucoup plus de temps. Le SARS-CoV-2 lui-même pourrait d’ailleurs devenir plus problématique pour les vaccins en raison de l’émergence de nouveaux variants.

Comment l’idée est née

Une classe spéciale d’anticorps protecteurs, appelés anticorps neutralisants, agit contre de nombreuses souches différentes de virus apparentés. Ces anticorps peuvent être utilisés comme médicaments de première ligne pour prévenir ou traiter les virus d’une famille particulière, y compris les nouvelles lignées ou souches qui n’ont pas encore fait leur apparition. Plus important encore, ils peuvent être utilisés pour concevoir des vaccins contre de nombreux membres d’une famille particulière de virus. Ces vaccins panvirus pourraient être fabriqués à l’avance et déployés avant que la prochaine infection émergente ne devienne une pandémie.

Lorsque les coronavirus ont été identifiés pour la première fois dans les années 1960, ils n’étaient pas une priorité pour les fabricants de vaccins. Mais en 2002, le coronavirus SARS-CoV a fait surface, causant une pneumonie mortelle qui a provoqué un syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS. Le danger des coronavirus est devenu encore plus évident en 2012, lorsqu’une deuxième souche est passée des chauves-souris ou des chameaux aux humains et a provoqué une autre maladie respiratoire mortelle: le MERS.

Certains chercheurs se sont demandé s’il était vraiment judicieux de fabriquer un nouveau vaccin pour chaque coronavirus. Ne serait-il pas préférable, pensaient-ils, qu’un seul vaccin puisse fonctionner contre le SRAS, le MERS et tous les autres coronavirus ?

Aucun intérêt il y a cinq ans, mais la donne est différente maintenant

En 2016, Maria Elena Bottazzi, virologue au Baylor College of Medecine, et ses collègues ont demandé le soutien du gouvernement américain pour développer un vaccin contre le pancoronavirus. Ils n’ont rien reçu. Trois ans plus tard, un troisième coronavirus dangereux est apparu : le SARS-CoV-2, qui provoque le Covid-19. Et maintenant, les cartes du jeu sont différentes. Il semble y avoir un intérêt pour le développement et le financement d’un vaccin contre le pancoronavirus.

Les chercheurs de VBI Vaccines, une société basée à Cambridge, ont fait un petit pas vers un tel vaccin contre le pancoronavirus l’été dernier. Ils ont créé des coquilles semblables à celles des virus, remplies de protéines de pointe provenant des trois coronavirus qui ont causé le SARS, le MERS et le Covid-19. Lorsque les chercheurs ont injecté ce vaccin à des souris, les animaux ont produit des anticorps qui ont fonctionné contre les trois coronavirus.

Fait intrigant, certains de ces anticorps s’accrochaient également à un quatrième coronavirus humain qui provoque des rhumes saisonniers – même si les protéines de pointe de ce virus n’étaient pas incluses dans le vaccin. Les scientifiques ont rendu ces données publiques, mais ne les ont pas encore publiées dans une revue scientifique.

Trois autres enquêtes prometteuses

Le mois dernier, l’équipe de Pamela Bjorkman, biologiste structurale au Caltech, a publié dans la revue Science une expérience plus complète avec un vaccin universel contre les coronavirus. Les chercheurs ont attaché les extrémités de protéines de pointe de huit coronavirus différents à un noyau protéique (également connu sous le nom de nanoparticule). Après avoir injecté ces nanoparticules à des souris, les animaux ont produit des anticorps qui pouvaient se coller aux huit coronavirus – et à quatre autres coronavirus que les scientifiques n’avaient pas utilisés dans le vaccin.

Kayvon Modjarrad, directeur des maladies infectieuses à l’Institut militaire Walter Reed, dirige une équipe qui développe un autre vaccin basé sur une nanoparticule parsemée de fragments de protéines. Ils prévoient que les essais cliniques sur des volontaires commenceront le mois prochain. Bien que le vaccin n’utilise actuellement que des fragments de protéines provenant des pics du SRAS-CoV-2, Modjarrad et ses collègues se préparent à le réutiliser comme vaccin contre le pancoronavirus.

Enfin, à l’université de Saint Louis, des chercheurs travaillent, eux, sur un vaccin universel qui ne repose pas sur des anticorps contre la protéine de pointe. En collaboration avec Gritstone Oncology, une société de biotechnologie californienne, ils développent un vaccin qui incite les cellules à fabriquer des protéines de surface qui pourraient alerter le système immunitaire comme si un coronavirus – n’importe quel coronavirus – était présent. Ils préparent actuellement un essai clinique pour voir s’il est efficace contre le SRAS-CoV-2.

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