À la veille de la réunion du Comité de concertation ce vendredi, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) n’a souhaité dévoiler les mesures potentielles qui se trouvent sur la table. ‘Cette concertation se fera sur la base d’avis scientifiques, de faits et de chiffres’, a-t-il toutefois assuré devant la Chambre.
En ce qui concerne les chiffres du coronavirus, tous les voyants sont au rouge vif. Des admissions quotidiennes en hôpital au nombre de lits encore disponibles en passant par les effectifs des centres hospitaliers, tous les indicateurs font craindre le pire. C’est pourquoi de plus en plus de virologues et d’autres experts demandent désormais un nouveau confinement, avec une interdiction des déplacements non essentiels, entre autres.
‘Il est temps, comme dans d’autres pays voisins, d’actionner le frein d’urgence: le lockdown’, a tweeté le virologue Marc Van Ranst ce jeudi matin, tandis que Margot Cloet (Zorgnet Icuro) ne disait pas autre chose. ‘Nous devons réinstaurer un lockdown général dès que possible. Si nous attendons plus longtemps, le problème deviendra si important que les hôpitaux devront laisser des gens mourir ou bien ils seront contraints de fermer leurs portes’, a-t-elle prévenu.
Les différents gouvernements du pays se réuniront vendredi après-midi, dans le cadre du nouveau comité de concertation, mais le Premier ministre, Alexander De Croo, a déjà donné ce jeudi un (petit) avant-goût des décisions qui seront prises demain en répondant aux questions des députés à la Chambre. À cette occasion, il a souligné que toute nouvelle décision se baserait sur les faits. ‘Cette concertation se fera sur base d’avis scientifiques, de faits et de chiffres. Il ne peut y avoir aucune discussion à ce sujet’, a-t-il déclaré.
‘Un effort de longue haleine’
Si Alexander De Croo n’a pas précisément évoqué un confinement strict, il a néanmoins parlé d’un effort sur la durée. ‘Si nous voulons sortir de cette période à risque, nous devons fournir un effort de longue haleine’, a-t-il déclaré. ‘Ce sera l’un des sujets abordés demain au cours du Comité de concertation.’
‘Nous sommes actuellement dans un reconfinement partiel’, a rappelé le Premier ministre. ‘En concertation avec les ministres-présidents, nous avons ancré cela dans un arrêté ministériel. Aujourd’hui, les gouvernements mènent cette lutte côte à côte. C’est grâce à cette union et cette clarté que nous pourrons soutenir le personnel soignant. Il n’y a plus une zone du pays qui est moins touchée qu’une autre. Nous sommes ensemble dans cette crise sanitaire.’
Critiques
Ce discours n’a pas empêché les critiques de fuser dans l’hémicycle ce jeudi, avant et après la prise de parole d’Alexander De Croo. Florilège:
- Catherine Fonck (cdH): ‘Alors que nos voisins reconfinent, nous on chipote, on se tâte, on prend des bouts de mesures tous les jours. La lasagne institutionnelle, avec des décisions en ordre dispersé, crée l’incompréhension des citoyens et donc tout sauf l’adhésion. Où est le pilote de l’avion ? Ça doit être vous. Vous devez reprendre la main avec des mesures fortes et plus cohérentes. Plus vous tarderez à le faire plus les mesures devront s’éterniser.’
- Peter De Roover (N-VA): ‘Nous devons également nous demander dans quelle mesure les anciennes mesures sont respectées et appliquées. Il ne sert à rien de prendre de nouvelles mesures si les anciennes ne sont pas suivies.’
- Sophie Rohonyi (DéFI): ‘Nous sommes 14 jours après la fermeture de l’horeca et on voit que la situation est toujours catastrophique dans les hôpitaux. Pourquoi la France prend des mesures et pas nous ? Pourquoi attendre le comité de concertation de ce vendredi pour prendre les choses en main? (…) Le problème c’est que le virus va beaucoup plus vite que vous. Plus vous attendez, plus vous allez vous mettre le personnel soignant à dos. Ne cédez pas aux appels égoïstes de certains.’
- Raoul Hedebouw (PTB): ‘Quand va-t-on avoir des inspections sociales renforcées pour vérifier le respect des quarantaines sur le terrain (en entreprise, NDLR)?’, a-t-il demandé, sans obtenir de réponse de la part du Premier ministre.
- Kristof Calvo (Ecolo-Groen): ‘La solution s’appelle la Belgique, s’appelle coopérer, s’appelle l’unité de la Belgique, avec les mêmes mesures d’Ostende à Arlon.’
‘Si l’on veut sauver l’économie, il faut d’abord sauver la santé publique’
De son côté, le Ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, a déclaré sur le plateau de l’émission Jeudi en Prime sur la RTBF ‘qu’il est inévitable que l’on va durcir les mesures. Il faut réfléchir aussi à la longueur de ces mesures dans le temps. Une chose est certaine: quatre semaines ne suffiront pas, même huit je ne le dirais pas.’
‘Il y a deux débats: durcir les mesures, garantir qu’elles soient réalisées, et réfléchir au plus long terme aussi’, a-t-il ajouté. ‘On veut pouvoir continuer à envoyer les enfants dans les écoles, mais il y a évidemment une tension avec l’objectif de ralentir l’épidémie.’
Quant aux préoccupations économiques suscitées par un éventuel confinement, Frank Vandenbroucke s’est montré très clair: ‘Si l’on veut sauver l’économie, il faut d’abord sauver la santé publique’
Lire aussi: