Vers un coronapass qui ne dira pas son nom

En Belgique, la mise en place d’un coronapass divise. Pourtant, il sera bien effectif et ne fera qu’un avec le certificat vert européen. Mais ne vous attendez pas à devoir sortir le précieux sésame pour aller au restaurant ou au cinéma.

Tant Georges-Louis Bouchez (MR) qu’Elio Di Rupo (PS) s’inquiètent de créer des inégalités au sein de la population. Le premier pour préserver les libertés de chaque citoyen, l’autre pour éviter les discriminations. Chacun est dans son rôle.

Pour le président du MR, ‘il n’y a pas deux catégories de citoyens. Donc il n’y aura pas de pass’, avait-il précisé avant même l’issue d’un débat mouvementé en interne, mais GLB n’est pas isolé et est par exemple soutenu par Sophie Wilmès. Dans la même famille politique, au nord du pays, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) avançait lui un coronapass d’ici l’été pour avoir accès à certains évènements. Et le président du MR de préciser de son côté: ‘Nous travaillons par contre sur des modalités pour les grands évènements.’

On sent qu’on joue sur les mots. Dans les faits, un certificat vert européen sera bien mis en place. Et il ne fera qu’un avec la coronapass belge, a expliqué le cabinet du Premier ministre. La Belgique fait d’ailleurs partie de la phase test avec 18 autres États membres. Si certaines modalités doivent encore être négociées, notre pays fait pleinement partie du processus.

Que contiendra-t-il ?

Il y aura trois types de données:

  • Les données de vaccination.
  • Un éventuel test PCR.
  • L’immunité (si quelqu’un a contracté la maladie, il a nécessairement développé des anticorps et n’est plus contaminateur après quelques jours).

Les trois points font néanmoins encore l’objet de questions. Le premier au niveau de la récolte des données. Il n’y aura pas de base de données européenne. Il y aura juste un système commun qui permettra de vérifier des données nationales. Or, tous les pays n’ont pas accès de la même manière aux données de leur population selon la protection de la vie privée qui est mise en place. Au niveau des tests, certains plaident pour leur gratuité. En effet, aucune raison que des vaccins soient gratuits et pas les tests. Sans quoi il s’agit là encore d’une discrimination. Le 3e point est sans doute le plus problématique, car il n’y a toujours pas de consensus scientifique sur cette question.

Pour faire quoi ?

Si le coronapass et le certificat vert ne feront qu’un, à tout le moins d’un point de vue technique, les applications ne seront pas les mêmes au niveau national et international.

Au niveau international, c’est assez simple: le certificat vert permettra de voyager et d’assurer la libre circulation des citoyens européens. En ajoutant d’autres modalités que la vaccination comme le test PCR, l’UE s’assure de ne pas discriminer les personnes qui ne voudraient pas se faire vacciner.

Au niveau national, c’est plus compliqué. On comprend dans les mots de Georges-Louis Bouchez que l’usage en sera limité. Ce qu’a d’ailleurs confirmé l’équipe du Premier ministre. Vous ne devrez pas sortir votre coronapass pour aller chez le coiffeur, au restaurant ou au cinéma. Même en Israël où un tel système a été imposé, ça ne fonctionne pas. Les gérants de restaurant ne seront jamais des contrôleurs.

Par contre, ce que le Premier ministre va plaider ce mardi en Comité de concertation, c’est un coronapass qui donnerait accès à certains évènements en extérieur ou en intérieur. On le sait, le Codeco devrait déployer son plan plein Air durant tout l’été, en y allant crescendo au niveau de l’évènementiel jusqu’au mois d’août. Pour certains évènements de grande ampleur, le coronapass pourrait être nécessaire. Concrètement, l’entourage du Premier ministre évoque certains grands festivals ou compétitions sportives. Pour cette solution, il trouvera un soutien des écologistes comme l’a plaidé Jean-Marc Nollet.

Mais l’Europe doit d’abord se mettre d’accord sur les points en débat, et puis se mettre en ordre techniquement. Et ça ne devrait pas arriver avant le mois de juin. En parallèle, la Belgique devra préciser ses intentions, en évitant à tout prix la dénomination péjorative: non, non, il ne s’agira pas d’un coronapass.

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