En proie à une vague de Covid-19 sans précédent au printemps, l’Inde vient de quitter la place du pays où le virus circule le plus au monde. Elle est remplacée par un autre pays asiatique.
Depuis quelques jours, l’Inde compte moins de 40.000 nouvelles contaminations quotidiennes. Exactement dans le même temps, c’est l’Indonésie qui a franchi ce cap – pour la première fois depuis le début de la pandémie – avec un record de plus de 47.000 cas enregistrés ce mardi. Des chiffres qui ont quasiment quintuplé en à peine un mois et qui font de l’archipel de l’Asie du Sud-Est le pays avec le plus de contaminations quotidiennes au monde.
C’est la première fois que l’Indonésie est réellement impactée par le Covid-19. Comme le démontre le graphique ci-dessous, elle n’avait véritablement subi qu’une seule vague jusqu’ici, en début d’année. A l’époque, il n’y avait pas eu plus de 15.000 nouvelles contaminations par jour.
Les conséquences du variant Delta…
Le principal responsable de cette situation est la progression du variant Delta, bien plus transmissible que les autres variants du coronavirus. Déjà bien présent dans l’île principale de l’Indonésie, Java, les autorités craignent qu’il ne se répande à présent ailleurs dans le pays.
Sur le plan purement comptable, la situation de l’Indonésie est toutefois bien moins grave que celle de la Belgique au plus fort de la crise. Ainsi, à l’automne 2020, nous avions franchi pendant plusieurs jours le cap des 20.000 contaminations quotidiennes. Or, notre population de 11,5 millions d’habitants est bien plus faible que celle de l’Indonésie, qui en compte plus de 270 millions. Proportionnellement, il n’y a pas photo.
Toutefois, le système sanitaire de l’Indonésie est moins bien armé. Et les autorités locales ont déjà émis des craintes quant au fait que la flambée des cas ne mette bientôt à mal les moyens humains et matériels à disposition des infrastructures hospitalières.
Cela se ressent d’ailleurs déjà dans les chiffres des décès. Depuis une semaine, l’Indonésie a rapporté une moyenne quotidienne de 907 décès liés au Covid-19, contre 181 il y a un mois. Elle est déjà toute proche de l’Inde, où la moyenne est récemment descendue sous la barre des 1.100 décès journaliers. Le Sous-continent compte pourtant plus d’1,3 milliard d’habitants.
Notons également que le taux de tests positifs atteint les 27% en Indonésie. Un chiffre si élevé fait dire aux experts qu’on y teste pour l’instant que les personnes les plus malades, et que le virus circule donc bien plus rapidement dans la population qu’on pourrait le croire.
…et d’un taux de vaccination très faible
Le fait que l’Indonésie soit désormais le pays le plus touché par le coronavirus est également l’illustration de l’inégalité de l’accès aux vaccins au niveau mondial. Ainsi, selon le Vaccine Tracker de Bloomberg, les doses qui y ont été administrées jusqu’ici n’ont permis de vacciner que 9,8% de la population. L’Union européenne affiche un taux de 46,4%, les Etats-Unis de 52,3%, le Royaume-Uni de 60,6%.
Si la cadence de la vaccination augmente légèrement depuis plusieurs semaines, elle reste bien en-deçà des attentes: une moyenne aux alentours de 700.000 administrations quotidiennes, pour un but fixé à 1 million. Les autorités sont toutefois optimistes pour faire s’envoler les chiffres au cours des prochains mois grâce à l’arrivée massive de nouveaux vaccins, avec un objectif avoué de 2 millions d’injections par jour dès le mois d’août, rapporte Bloomberg.
De plus, la nature des vaccins pose problème. L’Indonésie administre depuis plusieurs mois des vaccins AstraZeneca, Sinopharm et Sinovac, et vient de recevoir ses premiers lots de Moderna. Toutefois, en termes de quantité, ce sont surtout des doses du vaccin chinois conçu par Sinovac qui ont été injectées aux Indonésiens.
Or, l’Indonésie, à l’image d’autres pays asiatiques, est en train de sérieusement douter de l’efficacité du vaccin Sinovac, surtout contre le variant Delta. Depuis quelques jours, elle a même décidé de profiter de l’arrivée des vaccins Moderna pour injecter des doses de rappel aux soignants ayant été vaccinés avec le produit chinois.
Les restrictions n’ont pas l’effet escompté
Enfin, les autorités ne sont pas satisfaites des résultats qui découlent des mesures qu’elles ont prises il y a une quinzaine de jours. Tout début juillet, elles ont instauré un lockdown sur les îles de Java et de Bali. Télétravail obligatoire, école à distance, centres commerciaux et lieux de culte fermés, entre autres. Pour l’instant, aucune de ces mesures ne semble avoir d’effet sur la courbe des nouvelles contaminations.
Des restrictions sur les déplacements entre les différentes îles du pays ont également été mises en place au mois dernier. Mais elles ne sont pas assez respectées par les Indonésiens. La mobilité des résidents n’a diminué que de 6 à 16%, alors que les autorités s’attendaient à une baisse de 20%, a déclaré mardi le ministre de la Santé, Budi Gunadi Sadikin. Or, le gouvernement avait auparavant déclaré qu’une réduction de 50% de la mobilité était nécessaire pour mener à une réduction de la propagation du coronavirus.
Au vu de toutes ces données inquiétantes, plusieurs responsables d’hôpitaux ont prévenu que leurs infrastructures n’allaient bientôt plus pouvoir tenir le coup.
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